muséum de Paris. Les dents incisives du milieu cîe
la mâchoire inférieure ont quelquefois dix pouces
de longueur, sur cinq pouces de circonférence. La
substance de ces dents canines et de ces incisives est
beaucoup plus dure que celle de Pivoire, et reçoit
un poli plus vif et plus durable.
Je rappèle ces caractères pour faire voir que de
pareilles dents sont bien plus propres à résister à
l ’action du temps et des émanations corrosives ,
que les défenses d’éléphants, dont on trouve tant
de restes mêlés avec des crânes de rhinocéros et
des cornes de deux espèces de boeufs.
On devrait donc trouver des dents et des crânes
d’hyppopotames parmi les dépouilles des animaux
dont il s’agit, si les eaux qui balayèrent tant d’animaux
à cette époque désastreuse eussent rencontré
celui-ci sur leur route : il paraîtrait donc que ces
animaux n’auraient pas occupé les contrées asiatiques,
où les éléphants, les rhinocéros, et les grandes
espèces de boeufs habitaient. O r, comme nous
savons que l’Afrique nourrit beaucoup de ces animaux
, ceci pourrait faire présumer que cette inondation
ne fut pas générale, et respecta l’Afrique $
ou que si elle l’atteignit, les restes des animaux qui
en devinrent les victimes, furent entraînés dans
une autre direction.
Mais est-il bien certain, dira-t-on , qu’on ne
trouve point d’hyppopotames fossiles dans notre
continent? est-il démontré, contre l’opinion assez
généralement reçue 7 que l’Asie ne nourrit poin^
d’hyppopotames ? C’est ce qui mérite un serieux
examen $ car s’il est prouvé que ces derniers animaux
sont étrangers aux contrées asiatiques, indiennes
ou autres, l’on pourrait en déduire la conséquence
très-plausible, qu’en effet les eaux de la
mer ont rompu, à une époque peu ancienne, comparativement
à d’autres révolutions, leurs barrières
de ce côté là, et que ne rencontrant point d’hyppopotames
, puisqu’ils n’y existaient pas, on ne doit
point en trouver sur la même ligne des éléphants,
des rhinocéros et des grands boeufs, dont les restes
ensevelis dans des terreinsd’alluvions, attestent un
évènement terrible qui a submergé ces vastes contrées.
Pour détruire ou pour confirmer ce que j’avance
ici au sujet des hyppopotames, il est essentiel de
reconnaître, par un examen très-attentif des faits,
si dans les lieux où jusqu’à présent on a reconnu des
dépouilles de rhinocéros et d’éléphants, il existe
des restes d’hyppopotames, ou si les dents molaires
que quelques naturalistes ont considérées comme
ayant appartenu à ces derniers quadrupèdes, lui
sont étrangères, et si en effet on ne trouve dans notre
continent, aucun ossement fossile de l’hyppo-
potame ? Cette question présente assez d’intérêt pour
être digne d’exercer les recherches et l’attention
des anatomistes français, anglais, allemands et autres
, qui s’appliquent à l’histoire naturelle, des
animaux.
Voici, en attendant, le résultat de mes.propres