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sur cet objet, n’avait pas vu le jour. D ’ailleurs
cette grande question relative à l’existence des
analogues, une des plus remarquables et des plus
importantes pour la Géologie , n’avait pas encore
été approfondie ; et comme l’on connaît en effet
un grand nombre de coquilles, et d’autres corps
organisés fossiles , qu’on ne saurait'rapporter à
aucune des espèces vivantes que l ’on a été à
portée d’examiner jusqu’à présent, il était naturel
de croire que ces dépouilles de l’antique
Océan, devaient avoir appartenu à des individus
dont les races avaient disparu à la suite de quelques
grands événements dignes des recherches
et de l’attention des naturalistes philosophes.
Si l ’on était parvenu en effet à démontrer la
vérité d’une telle assertion sur les races perdues,
il est. évident qu’elle nous renvoyait à un état
de choses bien différent de celui qui a lieu dans
l ’ordre actuel du globe, et un aussi grand épisode
dans l’histoire des révolutions de la terre, ne
pouvait échapper à l’oeil attentif du génie ,* aussi
l ’illustre Buffon s’en empara-t-il avec une sorte
d’enthousiasme, pour en former une des bases
de son système sur le refroidissement graduel
de la terre. . ; ri
Nous pouvons donc dire à présent, avec une
sorte de certitude , qu’il existe des dépouilles
d’animaux marins et même d’animaux terrestres,
non seulement à une grande profondeur dans Ja
terre, mais sur le sommet des montagnes , qui
se rapportent à des espèces connues , dont la
plupart vivent à présent dans des mers ou sur
des plages lointaines , et même sous des régions
brûlantes. Depuis que l’éveil a été donné à ce
sujet, et que plusieurs savants s’occupent de cette
importante partie de l’histoire naturelle, nous
voyons la liste de ces analogues s’accroître, pour
ainsi dire, de jour en jour.
Nous devons dire aussi, avec la même franchise,
qu’il existe des dépouilles d’animaux terrestres
et d’animaux marins, fossiles, qui nous
sont absolument inconnus ,* cela peut tenir à ce
que nos recherches sur ces animaux sont encore
trop peu avancées ; à ce que plusieurs habitent
des contrées qui n’ont pas été visitées, ou que
certaines familles de Coquilles et de Madrépores,
se plaisent dans les abîmes les plus profonds de
la mer. Il est possible aussi que cela dépende de
quelque fait caché qui se dérobe à nos regards , et
sur lequel il n’est ni sage, ni prudent de tirer
des conjectures jusqu’à ce que la géographie physique
des animaux ait été complètement épuisée ;
mais c’est un grand pas que celui qui nous met
à portée d’établir qu’il existe des analogues qu’on
ne saurait plus contester.
Je rappèle ici ces détails , parce qu’ils servent
à nous transmettre la marche exacte et actuelle
des connaissances géologiques , dont on ne saurait