d’Afrique, il y en ait quatre ; qu’au lieu de deux
espèces d’éléphants , il y en ait six? Rien, si je
voyais les objets vivants , rien même encore, si
ce n’était à mes yeux que de simples variétés, et
que malgré cela on voulût en former des espèces
pour en faciliter la connaissance dans des méthodes
artificielles ; parce que l’erreur, s’il y en avait une ,
ne serait alors d’aucune conséquence. Mais , en
géologie, c’est d’une toute autre importance ; car, je
suppose , par exemple, que cette grande quantité
d’éléphants et de rhinocéros qu’on trouve ensevelis
de toute part en Sibérie, dans la grande et la petite
Tartarie, ou pour me servir des expressions de
Pallas , depuis la zone des monts qui bornent
VAsie ju sq u e s aux bords glacés de VOcéan. Je
suppose, dis-je, que ces animaux fussent d’espèces
bien caractérisées, à quelques variations individuelles
près , de manière à dire : leurs analogues
vivent et existent à présent dans telle ou telle
partie du monde ; ne serait-il pas vrai alors que
l’on serait sur la voie de reconnaître et de pouvoir
tracer pour ainsi dire, la route qu’ont dû suivre
les flots accélérés qui ont arraché ces animaux de
leur terre natale , pour les transporter à d’immenses
distances , et sous des latitudes entièrement
opposées à celles sous lesquelles ils avaient autrefois
vécu. Qui peut douter qu’un pareil fait , rigoureusement
constaté , ne répandît la plus grande
lumière sur ces grands bouleversements , dont
notre globe a été plus d’une fois la victime ?
Je me plais à rapporter cet exemple quoiqu’hy-
polhétique , parce que je le regarde comme digne
de toute l’atlention de ceux qui aiment à considérer
la nature d’après des vues philosophiques ; car,
en plaçant ainsi au milieu des espèces déjà bien
connues , d’autres espèces qu’on croit nouvelles ,
et qu’on regarde comme perdues, il est à craindre
qu’on ne se jète dans de fausses routes et dans
une sorte de labyrinthe , dont il serait difficile
ensuite de se dégager. Au reste, je fais une exception
provisoire au sujet des deux grands animaux
fossiles, l’un , l’éléphant de l’Ohio ; l’autre, trouvé
depuis quelques années dans les sables du Paragay,
et qu’on ne peut rapporter encore à aucune espèce
vivante connue. J’en ferai mention dans un article
particulier.
Quant à ce qui concerne les rhinocéros fossiles,
j’invite les naturalistes, que cet objet peut
intéresser particuliérement, à jeter de nouveau
un coup-d’oeil sur la planche 10, où sont figurés
les crânes des trois rhinocéros fossiles, dont nou&
avons déjà parlé. Leur disposition est telle dans la
gravure qu’on peut en saisir l’ensemble et les détails
avec facilité, et les comparer respectivement.
Ces trois têtes ont bien appartenu , dira't-on , à
des rhinocéros à deux cornes 5 la protubérance
nasale , ainsi que la frontale sont trop fortement
prononcées , pour qu’on puisse élever raisonnablement
le moindre doute à ce sujet • les dents incisives
n’ont jamais existé non plus : tels sont les