3e ne pense pas qu’il faille rejeter celte espèce ,
sans avoir approfondi la question , avec le même
soin, et en quelque sorte avec la même ténacité ,
qu’on a mis clans celle de l’espèce de l’éléphant de
1 Ohio , parce que c’est ainsi qu’on arrive à la
vérité 5 en géologie , les erreurs de cette nature
sont d’une conséquence si nuisible aux progrès de
cette science , et peuvent jeter celui qui s’en
occupe dans des- inductions si propres à le détourner
du vrai but, qu’il est plus prudent d’attendre
et de tenir en réserve les questions douteuses
, pour les reprendre lorsqu’il en sera temps,
que de les admettre avec trop de facilité.
Résumé général sur les Eléphants.
J1 résulte de tout ce qui a été dit ci-dessus , qu’il
existe deux espèces d’éléphants vivants, dont les
caractères sont bien séparés.
La première. L ’éléphant d’Asie , dont les molaires
se distinguent par des sillons, tantôt plus ,
(tantôt moins serrés, plus ou moins ondoyants, qu’on
pourrait désigner par la phrase suivante :
Elephas Asiaticus, dentium molarium coronâ
lineis plus vel minus parallelis, plus vel minus
undulatis , distinctâ.
La seconde. L ’éléphant d’Afrique , dont les
dents molaires , composées de plusieurs lames ,
ont leurs couronnes marquées de rhomboïdes plus
ou moins réguliers. Les défenses des éléphants
de cette espèce , sont ordinairement plus grosses,
d e l ’ o h i o. 265
et les femelles en sont pourvues comme les mâles.
Nous les appèlerons, avec Blumenbach,
Elephas , dentium molarium coronâ rhornhis
distinctâ.
Telles sont les deux espèces vivantes que nous
connaissons , et qui existent encore en grand
nombre dans l’Asie et dans l’Afrique , malgré les
hommes, la multitude de leurs moyens et la supériorité
de leurs armes.
Quant aux éléphants dont on trouve tant de
restes fossiles , nous les placerons ici en seconde
ligne, et comme des pierres d’attente , jusqu’à
ce que des circonstances heureuses, telles que
des voyages entrepris dans l’intérieur des vastes
contrées de la Nouvelle Hollande , ou dans les
parties les plus reculées de l’Afrique, nous ayent
appris enfin s’il faut les ranger dans la classe des
etres vivants, ou s’il faut définitivement les considérer
comme des races éteintes.
Troisième espèce qu’on trouve dans l’état fossile.
Le Mammouth (i) , elephas primigenius de
Blumenbach (2)5 elephas Mammonteus , maxillâ
(1) Le mot Mammouth est Sibérien, et signifie ossements
de terre. JHama, en langue Tartare, signifie terre.
On a donne , mai-a-propos , le nom de Mammouth à l ’éléphant
à molaires protubérantes de l’Ohio.
(2) Handbuch der naturgescliichte, sixième édition,
Pa§- 597-,