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de quelques esprits malfaisants , voulaient diriger
un jour leurs moyens, et il en faudrait peu, pour
adoucir le sort de la multitude , pour propager
l ’instruction et les arts parmi les nations sauvages,
particulièrement dans cette Afrique inconnue, qui
est pour ainsi dire à notre porte , et qui nous est
mille fois plus étrangère que les parties les plus désertes
du nouveau monde. I f humanité elles sciences
marchant de front, feraient sans doute des progrès
étonnants, et l’homme pourrait alors finir sa destinée
sans crainte et sans remords, puisqu’il n’aurait
vécu que pour le bonheur de ses semblables,et que
sa vie adoucie par les charmes de la sensibilité, se
serait trouvée encore embellie par les jouissances
de l’instruction.
Des idées pareilles sont des chimères pour la
plupart des hommes , je le sais ; mais je ne les
effacerai pas, et je me plais à croire que les tentatives
faites par quelques français, que celles plus
hardies encore entreprises par quelques anglais ,
pour pénétrer dans l’intérieur de l’Afrique, ne
s’éteindront pas , et qu’il en résultera tôt ou tard
des découvertes heureuses pour les sciences et
pour les progrès de la civilisation.
Les voyages faits dans l’Afrique ne l’ont
jamais été vainement pour l’histoire naturelle ;
c’est la patrie des oiseaux les plus singuliers , des
plantes les plus rares et les plus extraordinaires ;
c’est le berceau des éléphants , des rhinocéros,
des hyppopolames , des girafl'es , des lions, des
I ) U M B ; G A I/ o N I X.
t ig r e s , d e s p a n th è r e s 5 l a m in é r a lo g i e d e c e t a n t
iq u e c o n t in e n t n o u s e s t p r e s q u e t o t a lem e n t in c
o n n u e 5 e t oe q u ’il y a p e u t - e t r e d e p lu s e x t r a o r d
in a i r e e n c o r e d a n s c e t te t e r r e s i e x t r a o r d in a i r e ,
d’e s t q u e le s s c ie n c e s y o n t é té c u l t iv é e s a n c i e n n
em e n t d a n s q u e lq u e s p a r t ie s , j ’ a l la i s p r e s q u e
d i r e q u ’ e l le s y a v a i e n t p r i s n a i s s a n c e .
C’est parce que les animaux d’Afrique ont presque
tous un caractère qui leur est propre , ainsi
qu’011 a pu le voir a l ’égard des éléphants , des
rhinocéros et des crocodiles , que j’insiste sur
cet objet, parce qu’il est possible qu’il nous arrive
un jour de cette partie du monde des quadrupèdes
, qui nous prouvent qu’il n’y a point
d’espèce perdue ; car il est difficile de concevoir,
je le répète , qu’une révolution qui a conserve
un si grand nombre de genres et d’espèces d’animaux
, dont la terre est encore peuplée, ait éteint
radicalement des races entières, sans qu’il en
reste nulle part d’autres vestiges, que ceux que
nous trouvons ensévelis au milieu des décombres
et des ruines qui caractérisent cette dernière révolution
qui ne saurait dater d’une très-grande antiquité.
Je plaide ici la cause des partisans du déluge
de Moïse ; mais je pourrais leur demander, si Noe
oublia de placer dans son arche, le Mégalomx , le
grand éléphant de V Ohio , et cette suite d’animaux
que Cuvier regarde comme ayant disparu ;
j’aime à croire qu’on les retrouvera un jour , et
que Noë ne les aura pas oubliés.