plus recourbées ; qu’il est dès-lors conséquent de
dire, ainsi que l’avait fait Camper , que cet animal
ne pouvait prendre sa nourriture qu’à l’aide d’une
trompe 5 il n’a ni dents canines ni dents incisives
ainsi que les autres éléphants ; il a une charpente
aussi forte au moins; tous les rapports analogiques
le rapprochent des éléphants, dont il est probable
qu’il formait une espèce particulière, et s’il n’y a
en réalité, ni genres, ni especes dans la nature j
mais des nuances et des passages graduels, ce qui
est vraisemblable, ce grand quadrupède peut etre
placé ou à la tête des éléphants, ou à leur suite ;
mais je ne crois pas qu’on doive l’en éloigner, et
encore moins en faire un amphibie et un mangeur
de crustacés, parce que ses dents molaires sont
protubérantes , incrustées d’émail jusqu’aux
gencives, et que le mouvement rotatoire, ne
devait pas avoir lieu selon M. Peales.
Mais ce qu’il y a de plus instructif dans le mémoire
de M. Peales , c’est ce qui tient à la localité.
On aime à apprendre de lui : « Que dans l’Amérique
» septentrionale, ces grands os, ces grosses dents
» machelières, se trouvaient en grande abondance
» sur les bords de l’Ohio et des rivières qui versent
» leurs eaux dans ce fleuve; qu’ils étaient decou-
u verts par les torrents, ou en creusant dans les
» marais salés proche de Cincinnati, qu’ils sont
» mêlés avec des os de bujles et de daims. . • .
» et que des cultivateurs de la nouvelle Yorck,
j) tirant de la marne de leurs marais, près de
» New-windsor , découvrirent par hasard plu-
)) sieurs de ces os, qui furent conserves par des
» médecins sur les lieux ; que dans l’automne
)> de 1801 , Charles-Guillaume Peales , père de
» M. Rembrandt-Peales, acquit ces os , et per-
w sévera, pendant près de trois mois, à chercher
» le restes de l’animal, et qu’apres avoir beau-
» coup dépensé de temps et de travail, il eut le
» bonheur de trouver deux squelettes dans deux
» situations distinctes , et leurs os sans mélange
» d’aucun autre quelconque . . . . qu’aucune par-
» tie du squelette n’est pétrifiée ; mais que le
)) tout est dans l’état actuel de conservation , et tel
» qu’on le voit, pour avoir été enveloppé par un
» sol calcaire, principalement compose de détri-
î) tus de coquillages et couvert d’ eau , même
» pendant les saisons les plus sèches ».
La conclusion de M. Peales, est aussi instructive
et aussi raisonnable ; la voici : ce Nous ne saurons
u peut-être jamais, dit-il, dans quel temps ces ani-
» maux ont vécu; on ne peut former aucun juge-
» ment sur la quantité de terre végétale qui s’est
» accumulée sur leurs os, par l’abondance de leurs
» dépouilles , que nous trouvons en Amérique ;
» nous sommes certains qu’ils y étaient en grand
î) nombre ; nous sommes pareillement sûrs qu’ils
» ont dû être détruits par une cause soudaine et
j) puissante ; et aucune ne paraît plus probable
5) qu’un de ces déluges, ou une de ces irruptions
i) de la mer, qui ont laissé de leurs traces sur toutes