R H I N O C É R O S
Après avoir reconnu que ce rhinocéros formait
véritablement une espèce particulière , il en fit un
dessin qu’il envoya à l’académie de Pétersbourg,
qui lui avait fait présent auparavant d’une tête fossile
du rhinocéros de Sibérie ; ce célèbre anatomiste
crut trouver de si grands rapprochements
entre ce dernier et celui du Cap , que sans la cloison
nasale osseuse qui s’y remarque , il les aurait
considérés comme les mêmes ; il conclut cependant
que si ce caractère ne tenait pas à l’âge de Panknal»
il pourrait se faire que cette espèce fût éteinte.
» Lorsque j’eus envoyé, dit Camper dans le mé-
» moire cité , le dessin et la description de la tête
)) du rhinocéros d’Afrique que j’avais disséqué, à
î) l’académie de Pétersbourg, M. Pallas me ré-
)> pondit d’une manière honnête et modeste , en
)) me disant, qu’il était toujours dans Vincer-
» titude sur le nombre des dents, s’imaginant que
)) le reste des alvéoles étaient encore visibles, non
« seulement dans la mâchoire supérieure, mais
« aussi dans l ’intérieur des têtes fossiles. ( Il est
» question ici des incisives. )
)) Je pris la liberté, continue M. Camper, de
» rappeler à M, Pallas, que les inter-maxillaires de
» la mâchoire supérieure, qui, dans les autres ani-
« maux eontiènent les dents incisives, se trou-
)) vaient ici n’en avoir pas du tout ^ il approuva
)> cette observation dans une de ses lettres sui-
» vantes, en insistant néanmoins toujours sur
» Vapparence incontestable des alvéolesdansla
« partie antérieure de la mâchoire inférieure. ->
Lettre de Pallas à Camper, mai , 1777.
Les connaissances anatomiques de M. Pallas ,
l’avantage qu’il a eu de voir et de comparer un
grand nombre de ces têtes fossiles de rhinocéros ,
trouvés en Sibérie , sa persévérance à dire qu’i/
insistait toujours sur Vapparence incontestable
des alvéoles, sont autant de motifs d’un grand poids,
qui m’entraîneraient à croire que ces têtes fossiles
ont appartenu peut être au rhinocéros de Sumatra,
qui pouvait très-bien exister à cette époque en Asie,
puisqu’il a été trouvé vivant à Sumatra , qui n’est
séparé de la presqu’île de l’Inde que par le détroit
de Malacca.
Cette dernière espèce de rhinocéros n’étant pas
connue à l’époque où M. Pallas décrivait avec
tant de soin, et faisait figurer ceux de Sibérie,
il n’est pas étonnant qu’il se soit trouvé embarrassé $
mais il n’en est pas moins véritable que sa grande
sagacité et sa bonne manière d’observer , se sont
directement portées sur le point le plus propre
à conduire à la vérité, et à servir d’éclaircissement
à la question. C’est donc à ce savant illustre à
trancher positivement, ou négativement, le noeud
de la difficulté ; car si des restes d’alvéoles montrent
leurs traces distinctes, à l’extrémité de la
mâchoire inférieure, dans deux individus seulement
, dès lors les crânes de ces grands animaux
auront appartenu à des rhinocéros bicornes, ayant
des dents incisives, c’est-à-dire à de véritables rhi