celle d’Asie ; le front de ce dernier est creusé en
courbe rentrante ^ tandis que le front de l’éléphant
d’Afrique est de forme convexe.
Mais le caractère le plus tranchant qui distingue
ces deux espèces , tient à la forme des couronnes
des dents molaires. On a vu que , dans l’éléphant
de Ceylan, la surface molaire est garnie de sillons
saillants, placés parallèlement, à côté les uns des
autres , et bordés de très-petits plis ou espèces de
rides ; tandis que l’éléphant d’Afrique a cette
partie de la couronne dessinée ou plutôt sculptée
en losange : l’on peut donc , au seul aspect des
molaires des éléphants , déterminer facilement
les deux espèces, et prononcer sur la partie du
monde qu’ils habitent.
Voyez pour la forme comparative de ces dents,
la planche XIV, fig. 1 et 2 j Camper est le premier
qui a fait cette observation, d’autant plus importante
qu’elle est facile à saisir, et qu’elle est applicable
à la géologie. Il me la communiqua, il
y a plus de quinze ans , et je lui en dois l’hommage.
Le savant Blumenbach a indiqué, plusieurs
années après , les mêmes caractères, et a figuré ,
dans son Manuel d’histoire naturelle , une des
molaires de l’éléphant d’Afrique , à côté de celle
de l’espèce d’Asie. (1)
J’ai toujours fait honneur, dans le cours de géologie,
que je professe au Aluséum d’histoire naturelle
, de cette découverte , à Pierre Camper ;
dans le dernier voyage qu’il fit à Paris , il voulut
bien me communiquer son beau travail sur les éléphants
, et me fit voir des gravures de format in-
folio , qui étaient déjà terminées à cette époque,
sur des dessins faits de sa main , et d’après nature,
qu’il me communiqua sans réserve.
Ces gravures étaient destinées pour orner le texte
d’un ouvrage , qui devait avoir pour titre Description
cniatomique cVun éléphant mâle. C’est
dans la planche XIX , que je vis le développement
du caractère qui établissait la diflérence entre les
dents molaires de l ’éléphant d’Asie, et celles de
l’éléphant d’Afrique.
Les événements politiques de la première révolution
de Hollande , interrompirent les utiles
travaux de ce savant, et il allait profiler de la tranquillité
et du repos dont il commençait à jouir en
1789 , pour publier ce grand ouvrage , lorsqu’une
maladie violente l’enleva malheureusement aux
sciences.
Son fils A. G. Camper vient de publier ( 1802) ,
l’ouvrage de son illustre père, qu’il a enrichi de
notes curieuses et instructives , et d’excellentes
observations qui lui sont propres. (1)