trop simplifier les données , et dont nous allons
continuer de suivre les progrès dans les diverses
parties du monde savant.
La Russie , créée par le Czar, éclairée par Catherine
, est une preuve frappante de ce que peut
le génie, lorsqu’il sait tourner sa force et son activité
vers les grands objets d’utilité publique.
Les sciences, les lettres et les arts, accoururent
à la voix d’une princesse qui les appela auprès
d’elle, parce qu’elle savait les apprécier , et qui
les honora et les combla de faveurs, parce qu’elle
en sentait tout l’avantage , et qu’elle les cultivait
elle-même. Elle immortalisa son nom , et éleva,
comme par miracle, son empire au rang des premières
puissances de l’Europe : tel est le grand
pouvoir des lumières, lorsqu’une main habile
sait les diriger.
Catherine appela Pallas , le fit voyager dans la
Sibérie, dans l’intention d’y recueillir non seulement
tous les objets qui pouvaient intéresser l’exploitation
des mines diverses , dont ces contrées
désertes abondent ; mais elle recommanda spécialement
, à son attention, la recherche de ces
dépouilles d’éléphants, de rhinocéros et d’autres
animaux des pays chauds, qui sont ensévelis par
l ’effet de la plus étonnante révolution, comme
sous les débris d’un ancien monde , et dans une
région polaire , couverte de glaces et de frimas.
Il résulta du voyage et des savants travaux de
Pallas, des découvertes si importantes et même
si étonnantes pour la Géologie , que si le cabinet
d’histoire naturelle de Pétersbourg, où les objets
sont déposés, n’en attestait l’existence, on aurait
pu les révoquer en doute ; mais ces richesses se
sont encore accrues par de nouveaux voyages ;
et divers cabinets de l’Europe , notamment les
galeries de notre Muséum, les partagent du moins
en partie, grâces à Catherine , qui crut digne
d’elle d’en faire hommage à la France. Ainsi,
la Russie a payé un des plus grands tributs à
la Géologie, en lui ouvrant le plus vaste champ
d’observations dans l’étendue de ses immenses
possessions , et en ayant accueilli dans son sein
un savant d’un si grand mérite , qu’on peut avec
raison , l ’appeler le Bufï'on du Nord.
L ’Allemagne, dans l’étendue de laquelle je
comprends l’Autriche, la Prusse et tous les Cercles
électoraux , est par excellence , et depuis
long-temps , le pays où les sciences sont le plus
généralement cultivées, et où le commerce et
la circulation des livres sont le plus étendus. J’en
appèle à tous ceux qui ont voyagé en observateurs,
dans ces diverses contrées trop peu connues
en général des Français , sous le point de
vue de l’instruction , et où les plus heureuses
institutions forment une des principales branches
de la prospérité publique. Je pourrais en citer
cent exemples, parmi lesquels celui de Gottin