y
Portion de la tête pétrifiée d’un crocodile du,
cabinet de Besson, à Paris.
On voit parmi quelques corps organisés fossiles,
du riche cabinet minéralogique de Besson, la partie
supérieure et allongée du museau d’un gavial,
changé en pierre calcaire dure , d’un gris foncé ,
semblable par la couleur et par le grain à celle
d’ Altdorff. Besson fit l’acquisition de ce morceau
chez un marchand d’histoire naturelle à Paris, qui
ne su pas lui dire d’où il venait ; mais il y a lieu de
croire, d’après la ressemblance de cette pétrification
avec celles des cabinets de Manheim et de Darmstadt,
quelle a été tirée des mêmes carrières, et e’est
peut-être le troisième crocodile trouvé à Altdorff,
dont Merck a voulu parler. Au reste, celui-cf n’est
pas d’une aussi belle conservation que les deux
autres; malgré cela les caractères qui constituent
le gavial, y sont très-reconnaissables.
§• V i.
Tête d’un crocodile trouvé près de Honfleur.
Feu l’abbé Bachelet , qui s’était beaucoup occupé
des corps marins pétrifiés , qu’on trouve
dans les environs du Havre et de Honfleur , et qui
avait même publié quelques mémoires intéressants
à ce sujet, dans le Journal de Physique et d’H is toire
naturelle de l’abbé Rozier, possédait des os
maxillaires d’un crocodile trouvés dans les escarpements
argileux et pyriteux, qui bordent la mer
du côté des Vaches-Noires. Ces mâchoires de crocodiles
sont elles- mêmes en partie pyritisées et
d’une belle conservation ; elles ont passé depuis
lors dans le cabinet d’histoire naturelle de l’école
centrale de Rouen.
Cuvier, dans l’extrait ou annonce d’un ouvrage
sur les espèces de quadrupèdes, dont 011 a trouvé
les ossements dans l’intérieur de la terre, fait mention
de ce crocodile ; c’est une espèce de crocodile,
très-voisine de celle appelée gavial ou du
Gange, mais cependant fac ile à en distinguer
par des caractères frappants, pag. 7 de l ’ ouvrage
cité.
J’ai examiné cette tête ; son museau allongé, la
forme de ses dents , son fa c iè s , le rapprochent si
fort du véritable gavial , que je ne saurais me déterminer
à le considérer comme une espèce particulière
; l’influence de l’âge ou de la nourriture ,
celle du climat peuvent opérer tant de modifications
passagères sur certains animaux, qu’on aurait
peut-être tort de considérer alors les variétés comme
formant des espèces particulières. Le pass-age à
l’état de pétrification, peut aussi occasionner des
déplacements, des compressions, des gonflements
dans certaines parties, sur-tout dans l’état pyriteux
qui doivent nous tenir en réserve sur cet objet.