aurait pu être relatif à la plus grossière ébauche
des arts.
Mais comme j’ai promis avant tout des faits et
non des théories , je m’écarterais du but principal
que je me suis proposé , si je cherchais à donner
ici le développement et la preuve de ce que j’avance
, et j’intervertirais sur-tout l’ordre et la
marche, en quelque sorte didactique , que je me
suis tracée , ou plutôt que j’ai cherché à puiser
dans la nature, en m’efforçant de la suivre pas à pas.
Ceux qui ont l’habitude de méditer sur ces grands
objets, et qui se sont familiarisés de bonne heure
avec les détails , afin de pouvoir s’accoutumer
à saisir et à embrasser les masses , s’apperce-
yront facilement, en lisant cet essai, que ce n’est
pas sans raison que j’ai établi mes premières
bases, d’abord sur les êtres organisés les plus
simples qui vivent et se multiplient à l’infini dans
ïe sein des mers, parce que, pour me servir de
l ’expression figurée d’un des plus grands poètes ,
c ’ est le vieux océan qui est le père des choses:
j’ai fixé mes premiers regards sur les animaux
qui forment les coquilles et les madrépores, parce
que je les considère comme les fabricateurs cons^
tanfs et perpétuels de la terre calcaire , ou plutôt
de la terre animale. Ces êtres vivants , que
des naturalistes ont regardés en quelque sorte
comme une ébauche de l’animalité , je les considère
moi, comme d’autant plus parfaits, que leur
organisation est plus simple , et qu’avec moins
d’instruments et avec des moyens faciles , ils
consomment peu , et produisent beaucoup.
L ’on sait que le nombre de ces polypes marins
est si immense , que le calcul ne saurait jamais
l’atteindre $ que les espèces sont aussi variées par
les formes, que par l’admirable perfection de leurs
ouvrages j l’on sait que leur industrieuse activité
est telle,qu’ils entourent nos continents et nos îles ,
d’un rempart progressif et toujours croissant de
matière madréporique ; qu’ils peuvent avec le
temps combler le fond des mers , diminuer la
masse des eaux, et transmuer, pour ainsi dire ,
l’élément liquide, en substance solide et brute.
Ils doivent donc fixer la première attention du
géologue.
Les poissons , dont le nombre est immense ,
dont les formes variées à l’infini , démontrent que
tout ce qui peut exister en ce genre existe , et
dont l’organisation plus composée, mais non moins
merveilleuse , produit d’autres résultats , ont dû
nous occuper après les coquilles et les madrépores.
Ces poissons sont des instruments chimiques vivants
, qui forment des huiles animales en immense
quantité , qui combinent les éléments du
phosphore , qui l’unissent avec une portion de
la terre animale qui constitue leur charpente
osseuse.
Enfin, et pour abréger, les poissons nous ont
conduits aux cétacés , ces géants de la mer, qui
commencent à se rapprocher des quadrupèdes.