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laisser passer la quatrième dent d’en bas, dans un
creux particulier qui la cache ; le caïman a les
pieds de derrière demi-palmés ; le crocodile du
Nil les a entièrement palmés.
§• I I I .
L e Crocodile du Gange ou Gavial.
Ce crocodile diffère essentiellement par la forme
et par d autres caractères tres-prononcés du crocodile
Africain .* je ne dois m’attacher, ainsi que je
l ’ai fait pour ce dernier, qu’aux différences les
plus remarquables.
Sa mâchoire est étroite et allongée, elle représente
une sorte de bec d’oiseau ; les dents arquées
sont très-pointues et égales pour la grandeur, elles
varient pour le nombre et la grosseur, en raison
de l’âge et de la force de l’animal.
La tête d’un crocodile de cette espèce, du cabinet
de Camper, n’a que trente-deux dents en
tout.
Celle qui appartient au professeur Brugman ,
à Leyde , en a cinquante-six à la mâchoire supérieure
, en y comprenant trois dents naissantes
plus près de la gueule , et cinquante à la mâchoire
inférieure; ce qui forme en tout cent six.
Quant a celle du Gavial du Muséum , dont l’in-
dividü a douze pieds de longueur, on peut y compter
cinquante-huit dents à la mâchoire supérieure , et
cinquante à l’inférieure ; en tout cent huit.
F o s $ I I ES. i 5i
Edwards est le premier naturaliste qui ait décrit
ce crocodile, dans les transactions philosophiques
de la société royale de Londres , pour l’année
i 706, tom. 49, 2 ’. part. ; mais la figure qu’il en à
donnée est mauvaise ; celle qui a ete publiée dans
l’ouvrage de Lacépède, sur les quadrupèdes ovipares,
ne rend pas non plus les caractères de ce crocodile
; c’est ce qui m’a décidé à faire figurer, sur une
grande échelle, celui du MuséuUi, dans l’histoire
naturelle de la montagne de Saint-Pierre de Maes-
triclit, où l’on peut en consulter la gravure, ainsi
que celle du squelette de la tête du Gavial, planches
45 et 46 (1). L ’on trouve, dans le même
ouvrage, une belle figure du crocodile d’Afrique,
sur une échelle semblable à la première, d’après
un individu du Muséum , qui a douze pieds de
longueur; j’y ai joint la figure d’un squelette d’un
grand crocodile de la même espèce.
Nous connaissons donc deux espèces bien distinctes
de crocodiles , dont les caractères , fortement
prononcés , ne peuvent laisser subsister ni
doute, ni équivoque; il en existerait une troisième
dans l’état naturel, si les caractères assignés au
caïman d’Amérique, par Cuvier , étaient suffisants
(1) Histoire naturelle de la montagne de St.-Pierre de
Maestriclit, in-folio et in-quarto, papier nom de jesus,
avec soixante planches. Paris , Dé terville, libraire, ru©
du Battoir.