Buifon , Lamanonn’étaientplus; laMetherie,
Sage, Lapeyrouse, lurent jetés dans des prisons ;
Saussure, attaqué d’une maladie grave, ne dut
peut-être son salut qu’à l’état malheureux dans
lequel ses pénibles travaux l’avaient plongé; mais
sa fortune, si utilement et si honorablement employée
pour l’avancement des sciences , éprouva
le plus terrible échec.
Dolomieu, persécuté , fut obligé de changer
fréquemment d’asyle ; et pour comble d’infortune,
son illustre et vertueux ami Larochefoucault, fut
assassiné pour ainsi dire dans ses bras ; Dietricht
et quelques autres savants illustres perdirent la
vie, d’autres leurs places , plusieurs la liberté , et
quelques-uns , pour éviter une mort certaine,
furent forcés de quitter leur malheureuse patrie ;
les sciences, les lettres et les beaux arts, en deuil,
devinrent la proie de la barbarie , et les citoyens
les plus estimables furent en butte à la plus
affreuse persécution. Je m’arrête, j’aurais même
évité de rappeler de si douloureux souvenirs ,
si je n’avais eu à parler d hommes qui lurent les
victimes de cet horrible état de choses.
Je dois dire cependant , à la gloire de la
Géologie et des sciences naturelles en général,
que ceux qui en faisaient leur occupation principale,
ou l’objet de leur simple délassement ,
restèrent toujours purs d’intention et de faits , au
milieu de cette violation de tous les principes.
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C ’est à l’histoire à dire, et à la philosophie à en
rechercher les causes , si toutes les classes de
sciences donnèrent un exemple aussi moral de
leur respect et de leur amour pour l'humanité
souffrante.
Après de longs malheurs et de grandes pertes ,
un ordre plus tranquille règne ; la reconnaissance
publique en a senti tout le p rix , et a dû en faire
hommage à celui qui a retiré la France de l’abîme
dans lequel des monstres l’avaient précipitée ;
mais, Comme au milieu de tant de travaux réparateurs
, la plupart des détails , qui tiènent au
développement de tant de grandes vues et de si
belles conceptions, ne peuvent regarder que les
autorités secondaires , le temps et l’expérience
pourront seuls nous apprendre si les nouveaux
changements qu’on se propose d’opérei dans l’instruction
publique, si souvent et si long-temps
tourmentée , la régénéreront enfin , ou lui porteront
quelque nouvelle atteinte.
Mais en attendant, il esta desirer que l’autorité
première sache, et elle ne pourra qu’en être affectée,
que des savants et des hommes de lettres recommandables
par de longs et honorables travaux,
obligés par les circonstances de se déplacer et de
se livrer à l’enseignement dans les écoles centrales,
vont se trouver une seconde fois sans
état, peut-être même sans moyens d’existence,
perspective douloureuse, et même effrayante pour