Voila de grands faits en géologie , qu’on ne
saurait trop avoir présents à l’esprit ; ce sont là
des documents notables que les naturalistes doivent
s empresser de recueillir ; j’espère donc que ces
derniers me sauront gré de leur présenter encore
quelques details topographiques , qui co-incident
parfaitement avec la cause dévastatrice qui a occasionné
ces grands déplacements d’animaux terrestres
confondus avec des dépouilles marines.
L ’on a vu, dans ce que j’ai dit des rhinocéros fosque
marinas inundationis argumentis repertorum, de
quibus accuratam expositionem in secundo ilinerarii vo-
lumine communicavi.
Sed omnium clarissima , simul cum ossibus fossilibus
copiosis , vestigia maris ad Irtin fluvium inveni , cujas
totum decursum relegi æstate anni 1771 , ad calcem
usqué jugi per Asianï continui Altaici ibidem dicti.
Lustrans ipse ripas exaltatas , quæ alterna vice ïiuic
fluvio per campes tria jam tendenti adjacent pr ter up ta? ,
et constant mera glarea super aquigena argillarum superficie
stratificata variis in locis speciatim recensita
sun t, ossa corrupta elephantum, bubalorum , rhinocerotum
in virgineis arenas versicoloris stratis bærentia te tig i,
simulque mirabundus observavi arenam iisdem in locis,
uti passim ad I r t in , testaceîs calcinatis originem mari-
timam undique loquentibus satis copiosè commixtam
esse. Imoque reperi simul fragmenta ossea , quæ forma
et texturâ non nisi ad. majorum piscium marinorum
crania pertinuisse satis evidenter perspici poterat. Fallas
ubi suprh, pag. 581 et 58a.
siles, qu’une cause de la même nature avait enlevé
de leurs terres natales ces derniers quadrupèdes,
dont les restes se trouvent confondus avec les cadavres
des éléphants : Pallas ne doute pas que cette
terrible catastrophe ne soit le résultat du passage
violent et rapide d’une mer qui a traversé l’Asie
pour aller se jeter dansle Nord.Ce célèbre géologue
rappèle, à ce sujet, que l’état actuel de la chaîne
de l’Acouts , qui parcourt toute l’Asie orientale,
jusqu’au grand océan , et forme la limite méridionale
des deserts de la Sibérie , porte de toute
part les caractères physiques de cet évènement de
destruction. En effet, cet immense et formidable
rempart est bordé de décombres de rochers arrachés
évidemment de cette même chaîne 5 partout
d’énormes déchirements ont ouvert des routes à
des fleuves , qui se portent vers le Nord ; partout
se manifestent les épouvantables traces d’une mer,
qui semblait se précipiter des nues avec une accélération
de vitesse qui arrachait, entraînait et culbutait
tout, et qui a mis ces grandes Alpes asiatiques
dans un état de dévastation et de désordre, qu’on
n’observe nulle part dans nos plus grandes chaînes
européennes, ni dans le mont Oural, qui se prolonge
dans une autre direction du Midi au Nord.
Le témoignage de Patrin , qui a fait un si
long séjour dans le nord de l’Asie , et qui a visité
ces contrées lointaines , avec un oeil exercé et un
esprit observateur, confirme les belles remarques
de Pallas. L ’opinion de Patrin est d’autant plus