É î, É P H A N T MAMMOU T H.
pendre son opinion et attendre que des circonstances
plus heureuses , ou un examen plus réfléchi, répandent
une clarté favorable sur cette matière, que
de courir le risque de se jeter dans une fausse
route.
Mon expérience et l’exemple de mes propres
erreurs, peuvent m’autoriser à dire à ceux qui se
consacrent à l’étude de la géologie , que tous leurs
efforts doivent tendre à considérer la nature et ses
plus grandes opérations, comme le résultat de
moyens simples. Car, si ce que nous appelons ses
secrets , échappe presque toujours à nos laborieux
efforts, c’est que nous allons chercher la nature où
elle n’est pas, et que lui prêtant nos petits moyens ,
nos difficultés et les entraves qui nous lient, nous
lui supposons sans cesse des intentions mystérieuses
ou des vues qiùelle n’a pas ; ce qui nous détourne
de la bonne voie, et nous égare dans un labyrinthe
compliqué, dont il est impossible ensuite de sortir.
Suivons donc la nature pas à pas, sans trop nous
presser ; arrêtons nous sagement là où la route
n ’est pas tracée ; attendons que des mains habiles
en facilitent les accès , et cherchons à arriver par
d’autres sentiers, vers des lignes qui correspondent
à la première voie; c’est ainsi qu’à l’aide du temps
et en suivant les mêmes traces, nous pourrons avancer
dans la route des découvertes , distinguer quelques
points de l’histoire des faits, et reconnaître
que les évènements qui en dérivent , quelque
grands, quelqu’étonnants qu’ils nous paraissent,
É L É P H A N T DE l ’ o HI O.
résultent neanmoins de combinaisons simples, et
dépendantes de l’état et de l’ordre actuel des choses.
C est ainsi qu’au lieu de prêter des moyens petits
et compliqués à la puissance qui laisse agir tant de
corps, il est plus digne de sa gloire d’avoir tout
ordonné dans le premier acte de sa volonté.
Ces réflexions qui ont découlé rapidement et
sans ordre de ma plume, je les laisse subsister telles
qu’elles se sont présentées à ma pensée, parce que
le motif qui les a fait naître est celui de simplifier
autant que mes faibles lumières peuvent le permettre,
une science en quelque sorte nouvelle,
dont les abords étaient si hérissés d’épines, et le
fond si compliqué avant les progrès, de l’histoire
naturelle et de la chimie , qu’on avait préféré de
s’en tirer par un proverbe, en disant que le monde
serait livré aux disputes des hommes,
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Eléphant à dents molaires protubérantes.
C’est dans la Virginie, vers les sources salées
(the great, saltliks ) à trois milles de distance à l’est
de l’Ohio , et à cinq cent quarante milles au-dessus
du fort Pitt, qu’on trouve dans la terre et près
d’un escarpement , un dépôt considérable d’ossements
divers de grands animaux, parmi lesquels
on distingue des fémurs , des dents molaires à
pointes obtuses, des portions de crânes, et autres os
.Les sauvages de cette partie de l’Amérique, ont
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