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ses os , à sa taille gigantesque, à sa forte membrure
, qui pourrait le faire passer à bon droit
pour l’hercule des quadrupèdes , Cuvier croit que
sa place est parfaitement marquée par la seule
inspection des caractères indicateurs ordinaires,
c’est-à-dire des ongles et des dents, et qu’il doit être
rangé dans la famille des onguiculés dépourvus de
dents incisives, et ce savant lui trouve des rapports
frappants par toutes les parties de son corps avec
cette section.
L ’on sait que cette famille est composée des
paresseux ( bradipus Lin. ) , des tatous ( da-
sypus Lin. ) , des pangolins ( manis Lin. ) , des
fourmilliers ( myrmecophagus Lin. ) , et de
l’orycterope ou fourmiHier du Cap ( myrrne-
cophaga Capensis, Gmelin ).
cc Les paresseux et les fourmilliers ont des on-
» 'des parfaitement semblables , dit Cuvier , à
« ceux de notre animal, portés de même sur un
)) axe , et enchâssés à leur base par une game
» osseuse ; ils ont , comme lu i, plusieurs doigts
)> oblitérés et dépourvus d’ongles , en sorte que
)> c’est parmi leurs espèces qu’on trouve à cet
v égard les arrangements les moins communs ,
j) comme deux doigts devant et trois derrière , etc.
i) Notre animal a aussi un nombre d’ongles sin-
)) gulier et même unique jusqu’ici j savoir, trois
» devant et un seul derrière (1).
D U M E G A L O N IX. OI9
Malgré quelques rapprochements heureux qui
se rencontrent quelquefois dans les méthodes systématiques
, le plus grand avantage qui peut en
résulter, est celui de faciliter les moyens de se
retrouver au milieu de l’immensité d’objets que
présente l’histoire de la nature; j’en sens la nécessité
, et j’en suis certainement un des partisans,
mais je conviens , de bonne-foi, qu’il est quelques
cas , comme dans l’ordre méthodique des quadrupèdes
, par exemple , dont le nombre n’est pas
assez grand pour qu’on ne puisse bien les distinguer
et s’y reconnaître ; qu’il est malheureux qu’on
abuse quelquefois d’une méthode artificielle pour
contraindre , pour ainsi diie , la nature à se plier
à des classifications factices , qu’elle ne connut jamais
, elle qui a épuisé toutes les manières possibles
d’être et d’exister, ainsi que les formes, depuis
la plus parfaite jusqu’à la plus disparate.
Lorsqu’on voit, par exemple , un quadrupède
aussi grand au moins que l’éléphant, d’une charpente
osseuse beaucoup plus forte , qui n’a pu
exister qu’en détruisant beaucoup , qui a dû avoir
nécessairement de grands moyens d’attaque et de
défense contre d’autres animaux , tels que les
rhinocéros, les éléphants, les lions, peut-on, parce
qu’on lui verra à l’extrémité des pieds, des ongles
pointus , qui auront quelques rapports , par la
forme et le nombre, avec ceux des paresseux,
ces êtres malheureux, faibles, indolents, dont
la difficulté et la lenteur des mouvements sont