brasse les formes, l’arrangement des molécules,
1 éclat, la pesanteur , la cassure, en un mot, toutes
les qualités extérieures physiques qui constituent
un minéral quelconque, et peuvent mettre sur la
voie de le distinguer, et de reconnaître la marche de
la nature dans sa formation. Celui qui s’occupe essentiellement
de cette science, doit considérer les
minéraux, non sur de petits échantillons placés dans
de petites cases où ils ne doivent être là que comme
des objets de réminiscence, mais les étudier sur la
nature- ensuivre les nuances et les gradations, et ne
s arrêter que devant les grandes masses, et là où la
géologie commence, si les circonstances neluiper-
^ mettent pas de se livrer à cette dernière science ; car
s il le peut, il ne doit pas balancer à réunir deux
études qui se prêtent respectivement de si grands
appuis. Le travail du minéralogiste fini, celui du
chimiste doit completter l’histoire du même corps.
Cette marche synthétique est la plus naturelle, la
plus simple, et la plus propre à diriger et affermir nos
idées, en y répandant de la méthode et de la clarté.
Les chimistes ont eu certainement raison de
dire que toutes les pierres calcaires, quelles que
soient leur contexture, leur forme , leur opacité
ou leur transparence, étant composées de chaux
et d’acide carbonique , sont des carbonates calcaires
, et que la même terre unie à l’acide sulfurique
forme un sulfate de chaux.
Mais les minéralogistes qui en Voulant imiter
les chimistes, ont donné au marbre blanc de
f o s s i l e s .
Paros , au marbre noir antique, à la brèche violette
, au spath calcaire rhomboïdal ou à la pierre
calcaire coquillière des environs de Paris , le nom
de chaux carbonatèe , et au gyspe ou plâtre de
Montmartre, celui de chaux sulfatée , ont agi_,
nous devons le dire , en sens inverse de la chimie
et de l’histoire naturelle. J’en demande
pardon aux hommes de mérite dont j’ose combattre
ici l’opinion, mais c’est l’amour de la
science qui m’anime. Elle coûte tant de peine
à acquérir, cette science, lorsqu’on veut l’appuyer
sur des bases solides , qu’il ne faut la rendre
ni rebutante ni exclusive , par des innovations
journalières et arbitraires dans les mots. (1)
Je reviens à mon sujet, et je dis que les bois
agatisés sont presqu’aussi communs dans quelques
(i) le ne suis ici qu’un faible copiste de Bacon, q u i,
à une époque où le néologisme sorti des cloîtres fut
mis à la place de la science, et en retarda singulièrement
les progrès , indigna ce grand philosophe :
« Les hommes d’une profession oisive, dit l ’illustre chan-
» celier , qui portaient, de leurs cellules dans l’école,
» une humeur chagrine et querelleuse, très-peu versés
» dans la connaissance des temps, encore moins dans
» l’étude de la nature, ont inventé le langage épineux
» au moyen duquel on s’entend à-peu-près comme si
» l’on parlait toutes les langues ensemble. » Analyse
de la philosophie du chancelier B a con, tom. I ,p a g . ig.