invariables , et qu’on put en former une espèce
distincte. Le temps et des observations subséquentes
pourront éclaircir un jour cette question 3
nous la laisserons dans le doute jusqu’alors , du
moins en Géologie; car, en supposant même qu’il
existât des caïmans dans 1 état fossile , Ici cl&mi—
palmure çf.e leurs pieds de derrière , qui , dans
cette; circonstance serait nécessairement détruite./
ferait disparaître un des deux caractères établis
par Cuvier, etle second ne serait guère plus stable,
dans ce même état fossile ; mais il est une autre
espèce non équivoque , trouvée dans l’intérieur de
la montagne de Saint-Pierre de Maestricht , qui
diffère de celle d’Afrique et d’Asie, mais qui n’en
est pas moins du genre des crocodiles, quoique
l ’analogue n’en soit pas connu.
Celui-ci est d’autant plus intéressant pour les naturalistes
, qu’il est possible qu’on découvre quelque
jour l’espèce vivante dans les parties les plus désertes
de l ’Afrique , si,jamais l’on parvient à les
visiter , ou dans l’immense étendue de la Nouvelle
Hollande , lorsque les établissements Européens
seront plus nombreux et auront acquis de
grands accroissements dans ce pays lointain , ce
qui permettra de s’avancer dans l’intérieur des
terres et de fouiller plus avant, dans ces contrées,
pour ainsi dire encore vierges. Si l’on trouvait
donc un jour dans quelques rivières ou dans quelques
grands lacs, l’analogue de cet animal, l’on
serait enfin dans le cas de croire que la nature
conservatrice de ses ouvrages, n’en détruit pas
si facilement les types.
Cependant, si toutes les recherches faites à ce
sujet se trouvaient vaines , et que l’on eût enfin
la preuve évidente que l’animal de Maestricht
n’existe , ni dans l’Afrique , ni dans l ’Asie , ni
dans aucune des parties de l’Amérique , il faudrait
bien se résigner à croire qu’il y a , en effet, des
races entières d’animaux qui ont disparu ; et ce
fait une fois constaté , conduirait à des inductions
propres à ouvrir une route nouvelle à l’histoire
naturelle du globe.
Je ne crois pas que l’on pût raisonnablement considérer
le crocodile de Maestricht, comme provenu
du croisement et du mélange de celui d’Afrique
et de celui d’Asie ; cela peut-être pour quelques
quadrupèdes et certains autres animaux , mais le
crocodile de Maestricht a des os maxillaires si forts,
si volumineux , que malgré qu’il soit un peu rapproché
de celui du Gange, par ses dents, il en
diffère si fort par la longueur et l’épaisseur des
mâchoires , ainsi que par d’autres caractères, que
j ’ai lieu de penser que personne ne fera valoir
une telle objection.
C’est en faveur de la singularité et de la rareté
du crocodile de Maestricht, que j’en ai fait faire
une excellente figure pour les savants qui n’ont pas
été à portée de voir l’original déposé dans le Muséum
de Paris : cette gravure est la réduction du
grand dessin fait par Maréchal, que j’ai publié