Les deux révolutions politiques que la Hol-
lande a éprouvées, pour ainsi dire coup sur coup,
n’ont certainement amélioré ni son commerce ,
ni les sciences; l’instruction publique n’a pu que
souffrir beaucoup du choc des opinions, et du
long séjour des armées dans ces belles et industrieuses
provinces, dont les paisibles habitants
vivaient autrefois dans l ’opulence et le bonheur,
sans s’écarter de l’économie et de la sobriété.
La grande fondation teylorienne, dirigée parles
soins actifs de Yanmarufn, est une de Celles
qui ont le moins souffert ; ses riches collections en
instruments de physique, en minéraux , en quadrupèdes,
et en productions de la mer, la belle
et rare suite des fossiles de la montagne de Maes-
tricht, ont été religieusement respectées, et cette
magnifique institution unique en Europe, puisqu’elle
est essentiellement fondée dans l’intention
de faire ou de répéter en grand des expériences
importantes que la fortune des particulière ne
leur permet pas de tenter, a repris son activité
et toute sa première splendeur.
A L eyde , le professeur de l’université , Brug-
man, fait espérer depuis long-temps des observations
intéressantes sur l ’anatomie comparée, dont
la Géologie pourrait tirer un grand parti ; mais
son silence , trop prolongé, ne peut qu’affliger
les véritables amis de la science , et lorsque
l’on a vu sa riche collection et les ressources
qu’elle présente, l’on regrette plus que jamais
d’être privé du fruit de ses importants travaux.
Le second des fils de Camper, qui a hérité du
goût et du cabinet de son père, se propose de
publier les ouvrages posthumes de cet illustre
naturaliste , et il vient de nous prouver qu’il est
bien en état de travailler sur son propre fond,
par quelques mémoires qu’il a déjà fait paraître.
L ’Angleterre , cette métropole des arts utiles ,
de rindustrie et du commerce, ( car il faut être
juste envers tous ) , doit être considérée, relativement
à l’état des sciences, sous trois aspects
relatifs à sa division territoriale , l ’Angleterre
proprement dite, l’Ecosse et l’Irlande. Quoique
régis par une même autorité, ces trois peuples
ont un caractère prononcé qui les distingue, et qui
tient probablement à leur origine première , dont
les traces ne sont pas encore entièrement efïàcées,
à leur manière de vivre, à leurs moeurs ou à leur
éloignement des affaires.
A Londres , les mouvements continuels du
commerce, les discussions politiques, agitent un
trop grand nombre d’hommes, et les dirigent dans
un sens opposé aux sciences ; il faut à celles-ci du
calme, du loisir, et de longues méditations dans
le silence.
L ’étude qui est la plus en faveur dans cette
immense ville, est celle de la médecine qui s’y
exerce d’une manière très-distinguée ; et cela
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