J’ai fait figurer aussi, dans la planche X I I , les
deux éléphants vivants de la ménagerie du Muséum
-, j’ai eu en cela une double intention , la
première d’avoir le portrait fidèle de ces deux animaux
remarquables , afin d’en donner une idée
à ceux qui n’auraient pas été à porlée de voir des
éléphants vivants, et l’on peut les regarder comme
très-ressemblants, par les soins que Maréchal a
apportés à les peindre $ la seconde , afin de faire
observer qu’ il existe une différence de grosseur
dans les têtes de ces animaux , quoiqu’ils soient du
même âge. Le mâle a la tête beaucoup plus forte ,
celle de la femelle est plus applatie vers le front.
J’ai cru .devoir ne pas omettre un tel fait, pour
éviter une erreur dans le cas où l’on trouverait,
par l’effet d’un hasard heureux , des têtes fossiles
d’éléphants mâles et femelles , parce qu’étant prévenu
du fait, l’on ne serait pas tenté d’en faire
deux espèces différentes.
Ces deux éléphants de la ménagerie avaient été
envoyés fort jeunes de Ceylan au Stadhouder, qui
les conservait avec soin dans sa ménagerie du Lô.
Ils avaient quatorze ans , lorsqu’on les transporta
à Paris en 1797 ; leur hauteur s’élevait alors à
sept pieds deux pouces pour le mâle 5 leur âge,
dans le moment où j’écris , est de 19 ans. Je les ai
fait mesurer devant moi, le i er. septembre 1801
( le mâle , ) et il avait alors huit pieds. Leur
taille s’est donc élevée de dix pouces dans quatre
ans j leurs défenses étaient très-petites et trèscourtes
j ils les avaient rompues contre les forts
barreaux en bois de chêne de leur loge , dans
le temps qu’ils étaient en Hollande , et le même
accident est arrivé à Paris, à la femelle , qui a
brisé une de ses défenses, qui n’avait que huit
pouces environ de longueur sur un pouce de
diamètre. Je dois prévenir que dans le dessin
que j’ai fait faire par Maréchal , de la tête de ces
deux éléphants, et qu’on peut considérer comme
leur portrait, il a forcé la grandeur des défenses,
dans l’intention de donner une idée de leur forme
et de leur position, aux personnes qui n’ont pas
été à portée de voir des éléphants (1).
On a de tout temps exagéré la grandeur des
éléphants, soit que l’erreur ait pris naissance dans
les diverses mesures employées dans tels ou tels
pays, soit par l’inexactitude des voyageurs, ou par
un certain amour qu’ont les hommes pour le merveilleux.
Mais comme l’histoire naturelle est devenue
une science exacte , nous ne devons nous
attacher qu’à des faits précis : il ne faut donc pas
perdre son temps à réfuter des chimères , lorsque
nous avons des données plus exactes.
: ' Je ne Puis me refuser cependant, de rapporter
ici une anecdote historique sur deux défenses d’éléphants
, qui avaient été envoyées à un Empereur
romain, comme un présent rare à cause de leur