C H A P I T R E XI I .
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JLjes byppopofames étant de la classe des grands
quadrupèdes, le géologue doit s’occuper de ces animaux,
et chercher à retrouver leurs restes dans
l ’état fossile, La charpente osseuse des hyppopota-
mes, la force de leur crâne, le nombre, la dureté
de leurs dents, offrent desparLies solides aussi propres
à résister pour le moins à l’action du temps et
des autres agents destructeurs, que la dépouille os-
seuse des éléphants, des rhinocéros, et delà grande
espèce du boeuf dont il a été fait mention dans le
chapitre précédent.
Ceux qui ne sauraient être indifférents sur des
recherches de cette nature, et qui, en lisant avec
attention cet ouvrage, en auront bien saisi les faits,
suivi leur enchaînement, et embrassé leur ensemble
f se seront sans doute déjà apperçu que dans
les vastes contrées où tant de grands quadrupèdes
ont été entraînés, disséminés, et ensevelis d’une
manière aussi brusque que tumultueuse, les éléphants,
les rhinocéros, et des animaux de la famille
des boeufs, se trouvent, pour ainsi dire, constamment
réunis, et devaient exister en si grand nombre dans
les lieux de leur primitive patrie, qu’on retrouve
leurs restes et leurs dépouilles, non seulement dans
les immenses déserts de la Sibérie et des autres parties
de l’Asie boréale, maisjusques vers le 69". 55l.
56", où des îles de sables et de glaces en renferment
de grandes quantités , avec des bois flottés dans les
mêmes îles. Il semblerait que les barrières de glaces
qui les ont empêchés d’aller plus avant, ont
fait refluer les restes de tant d’animaux jusques vers
le nord de l’Amérique.
Mais un fait bien digne de remarque, et qui mérite
d’être soigneusement discuté et approfondi ,
puisqu’il peut nous conduire à des résultats propres
à répandre des lumières sur ce grand évènement j
c’est que , au milieu des dépouilles des animaux
dont il a été fait mention, l’on n’a trouvé, à ce que
je crois, rien de ce qui a appartenu à l’hyppopo-
tame : est-ce que cette espèce de quadrupède habitait
à cette époque une partie du globe qui ne fût
pas submergée, et qu’elle n’a jamais vécu en Asie?
C’est ce que nous allons examiner avec l’impartialité
et l’abnégation de toute opinion hypothétique
qui doivent diriger sans cesse celui qui s’occupe de
la recherche de la vérité.
Les dents canines des hyppopotames que l’on
possède dans les collections d’histoire naturelle ,
ont quelquefois plus d’un pied cinq pouces de longueur
, en les mesurant sur leur courbure convexe,
et cinq à six pouces de circonférence ; il y en a
|nême de plus grandes encore dans les galeries du