JL’Afrique a été encore si peu visitée par des
minéralogistes , que les faits nous manquent pour
cette partie, et qu’il faut les attendre du temps et
de quelques circonstances heureuses; mais la zoologie
vivante de ces contrées brûlantes , est beaucoup
mieux connue , parce que ses tigres, ses
panthères , ses lions et ses giraffes, ont été un
plus grand objet d’étonnement pour la multitude^
et que l’ivoire de ses éléphants, dès les temps même
les plus anciens , fut un objet de luxe et de commerce.
Cette connaissance des animaux vivants de
l’Afrique, nous dédommage en quelque sorte du
silence de cette terre inhospitalière , qui semble
refuser d ouvrir son sein a toutes les recherches
qui peuvent tendre à éclairer l’homme : la géologie
a cependant tiré de l’Afrique quelques objets d’analogie
et de comparaison précieux pour elle , puisqu’ils
lui servent à reconnaître des parties fossiles
d’animaux qu’elle n’aurait jamais sû à quelle espèce
rapporter sans cela ; c’est ainsi qu’on a reconnu
la différence qui existe entre l’éléphant d’Afrique et
celui d Asie ; il en est de même de quelques autres.
Dans un sujet aussi important et aussi grand
que celui qui a rapport aux divers quadrupèdes
fossiles, on ne peut et l’on ne doit même jamais
asseoir d’opinion sans établir les données les plus
certaines, et sur-tout sans avoir fixé préalablement
les distinctions essentielles que comportent
les espèces de ces animaux.
L ’on a un grand champ à parcourir, sans doute,
lorsqu’on veut connaître à fond tout ce que les
voyageurs , ou les naturalistes anciens ont écrit
dans des ouvrages particuliers, ou dans des collections
scientifiques , sur la partie technique des
découvertes qui ont eu lieu au sujet des animaux
fossiles, depuis environ cent cinquante ans, abstraction
faite des idées hypothétiques qui accompagnent
ordinairement ces sortes d’ouvrages ; mais ,
qu’arrive-t-il? c’est qu’après avoir fouillé dans cent
volumes au moins , écrits dans plusieurs langues ,
l’on voit avec peine , qu’à l’exception de quelques
faits sur lesquels on peut compter , des descriptions
vagues , incertaines, fautives , appuyées le
plus souvent sur des rapports fabuleux, jètentbeau-
coup plus de confusion sur ce sujet qu’elles ne
l’éclairent.
Je ne parle ici, je le répète , que des auteurs
anciens qui ont écrit depuis les années i 5oo , jusqu’à
17ÔÜ environ; cependant, lorsque ces naturalistes
ont publié de bonnes figures , ou qu’ils
citent des parties d’animaux qui existent dans les
anciens cabinets , et qu’on peut avoir la facilité de
vérifier, on leur a , dans ce cas , des obligations,
parce qu’on peut ou réparer les erreurs qu’ils ont
commises , ou rendre justice à leur sagacité.
Mais l’histoire naturelle s’est épurée depuis lors ;
sa marche est devenue régulière ? et les secours
que lui ont offerts la zoologie d’une part, l’anatomie
comparée de l’autre, lui ont procuré , dans ce
genre , dès ressources qui en font une science