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île immense , qu’on peut regarder en quelque
sorte comme une cinquième partie du monde, nous
procurera, à mesure que la population européenne
augmentera et s’avancera dans les terres , d’autres
animaux , et même de grands quadrupèdes , qui
pourront nous fournir des objets utiles de comparaison
et de rapprochement, avec des espèces
fossiles que nous considérons comme perdues.
L ’on est d’autant plus fondé à concevoir ces
espérances, que l ’on voit avec intérêt dans le savant
voyage de la Billardière autour du monde, pour
aller à la recherche de Lapérouse , qu’il a reconnu
des traces de grands quadrupèdes. « Après
» nous être enfoncés dans les bois , ( vers le voi-
n sinage de la baie des tempêtes ) , dit ce natu-
» raliste, un quadrupède de la taille d’un gros
)> chien, sortit d’un buisson tout près d’un de nos
» compagnons de voyage j cet animal de couleur
» blanche , tacheté, de noir , avait l’apparence
» d’une bête féroce. Il n’y a aucun doute que
» ces contrées n’ajoutent , par la suite, plusieurs
» espèces au catalogue des zoologistes.
» Une vertèbre , dont le corps avait plus de
» quatre pouces une ligne d’épaisseur , trouvée
» dans l’intérieur des terres, fait espérer qu’on y
« rencontrera de fort grands quadrupèdes. T. I ,
» pag. 160 de l’édit. in-4°.
» Nous arrivâmes , continue le même auteur ,
». ( étant alors à la baie le Grand, dans la Nou-
» velie Hollande ) , au bout de quatre heures
D U M É G À L O N I X . ggg
» d’une marche assez rapide, sur les bords d’un
» grand lac qui communique avec la mer. Les
» naturels du pays avaient récemment mis le feu
» dans plusieurs endroits où nous venions de
p passer ; nous ne vîmes aucun kangourou ,
%) mais leurs excréments que nous apperçûmes
xi de toute part, en grande abondance, nous firent
)) connaître que ce quadrupède est très-multiplié
» sur cette côte. Nous y remarquâmes aussi d’au-
» très excréments qui ressemblaient singulière-
» ment à ceux de vache, mais nous n’apper-
» çûmes pas l’animal à qui ils appartenaient ;
» on voyait dans le sable l’empreinte de pieds
» fourchus, ( larges de plus de trois pouces et
» demi. ) Il n’y a aucun doute que cette terre ne
» nourrisse des quadrupèdes beaucoup plus gros
» que le kangourou, » Voyage de la Billardière,
tom. I , pag. 4i 4 de l’édit. in~4°.
Il reste donc de ce côté là de grandes espérances
pour l’avenir, très-propres à avancer , je dirais
même , presque à finir l’histoire naturelle des quadrupèdes,
dont la géologie pourra un jour tirer un
grand parti, lorsque d’autres nations , à l’exemple
des anglais, formeront des établissements dans la
Nouvelle Hollande -, nous devons aussi concevoir
beaucoup d’espoir sur une autre partie du globe ,
si un jour les nations policées de l ’Europe, au lieu de
se jalouser et de se haïr sans cesse, au lieu de s’entr’égorger
périodiquement les unes et les autres,
pour satisfaire la frénésie ou l’ambition atroce