pour attaquer avec avantage et avec des armes
égales, des savants qui ont passé la moitié de leur
vie à étudier sur les lieux l ’organisation et la
structure du globe, et qui s’appuyent sur une
multitude de faits matériels , que M. Howard,
dont je respecte le savoir et les intentions, ne
connaît que d'une manière trop superficielle.
On se demande souvent pourquoi, dans un
siècle, et à une époque où les sciences naturelles
ont fait un si grand pas, et ont acquis une
marche méthodique, qui se dirige exclusivement
vers les laits , quelques naturalistes, doues d ailleurs
de beaucoup de mérite et de connaissances
solides, tels que Messieurs Delucs, et quelques
autres, s’efforcent avec tant de peines , et une
sorte d’obstination, à trouver dans les livres de
Moïse, les phénomènes de la création et l’histoire
naturelle d’une des plus grandes catastrophes
du globe.
La mission toute divine du législateur du peuple
juif, lorsqu’on veut en étudier les motifs sans
prévention, paraît exclusivement consacrée a
diriger un peuple dont la conduite difficile lui
était confiée , et qu’il était utile de frapper par
de grands exemples. Ce but était sans uoute bien
au-dessus de celui d’apprendre à un peuple ignorant
et avide de superstition, l’histoire de l’ori-
gme d’un monde physique, et les phenomenes
exacts d’une inondation diluvienne qui submergea
toute la terre, qui n’a pas été l’unique , si les faits
ne sont pas trompeurs , et dont les phénomènes
sont dans l’ordre de la nature, et tiènent peut-
être à ce que notre petite planette, se trouvant
dans un système où des globes errants traversent
son orbite, doit éprouver avec le temps, et
l’approche de ces grands corps, des dérangements
de plus d’un genre , suivis d’une grande
perturbation dans le système de ses mers.
Mais si quelqu’un s’effarouchait injustement
d’une assertion qui ne tient ni à la morale , ni
au culte, je lui dirais, en empruntant les expressions
d’un homme célèbre, <c qu’en bonne
« philosophie la nature n’est autre chose que
» Dieu lui-même, agissant ou selon certaines
« lois qu’il a établies très-librement, ou par l’ap-
» plication des créatures qu’il a faites et qu’il
» conserve.........On ne doit donc p >s trouver
» mauvais que les philosophes s’en tienent à la
)) nature, autant qu’ils peuvent; car, comme Plu-
» tarque l’a fort bien remarqué au sujet de Pé-
» riclès et d’Anaxagoras , la connaissance de la
» nature nous délivre d’une superstition pleine
)) de terreurs paniques , pour nous remplir d’une
| dévotion véritable et accompagnée de l’espé-
» rance du bien (i).
(i) Bayle , histoire des Comètes.
L ’on pourrait ajouter à ce passage de Bayle , celui d%