Celui qui aime à interroger la nature sur l ’histoire
physique de la terre, doit se rappeler souvent
cette courte mais éloquente topographie , qui
donne une haute idée du nombre étonnant de
ces animaux gigantesques, ensévelis dans un cimetière
qui occupe plusieurs degrés de la terre.
Ils n’ont point fini le cours d’une longue vie
ces éléphants, dans l’espace immense qu’occupent
leurs cadavres , et ce n’est pas sur la superficie
du sol qu’on trouve leurs restes 5 ces débris, dit
Pallas, demeurent ensevelis et cachés çd et là ,
dans des lieux éloignés du cours des eaux , et
sous un sol plus élevé...... On en trouve dans
des terres sablonneuses, et qui y ont été ensévelis
comme dans un tombeau.... ; dans les lieux
renommés pour Vivoire fossile et pour les ossementsles
membres des animaux se trouvent,
le plus souvent, comme jetés, au hasard j on
dirait qu’ils ont flotté dans les eaux , et ont
Sibiriam ubique ossibus mamonteis æquè feracem esse -
optimumque reperitur ebur fossile in terris aretico
circulo vicinis,, inque regionibus maximè orientalibus|
quæ snb eâdem latitudine Europâ ?mult{6 frigidiores
sunt j et quarum solum æstate tantum in superficie
regelari solet. De reliquiis animalium exoticorum per
PLsiam borealem repertis • complementum auctore, P . S.
Pallas. Novi commentarii académie scientiarum imperialis
Petropolitanæ 5 tom. X V I I , 1772 , pag. 5j 8 .
été ensuite recouverts par un limon, et surtout
par des couches de galets, évidemment amassés
par Feff et des ondes et de la fluctuation; souvent
meme ils se trouvent adjoints à divers restes
de corps marins (1).
Ces restes de grands quadrupèdes terrestres,
mêlés avec des corps marins, sont dignes de toute
l’attention de ceux qui aiment à méditer sérieusement
sur les causes qui ont fait périr , et ont
entraîné au loin des animaux qui vivaient sous
d autres latitudes $ et ces dépouillés de la mer, qui
ont suivi la meme route, ne nous apprènent-elles
pas qu’à celte epoque la terre a éprouvé quelque
terrible; secousse, et que l’antique Océan , rompant
brusquement ses barrières , a tout noyé ,
a tout entraîné , a tout enséveli? Ce n’est pas une
seule fois que Pallas nous parle deces corps marins
confondus avec des corps terrestres ; entendons-
le encore une fois sur un sujet d’un si grand
ordre.
« On doit rapporter , au même sujet, les restes
» de squelettes d’éléphants, qu’on rencontre ordi-
» nairementle long des rivières de Tara, d’Isette 1
(1) Sect in plerisque ripis , quæ fossili ebore ossibusque
inclaruerunt, membra animalium plerùmque disjecta
reperiuntur, quasi à flluctibus agitata et obruta limo
vel glareosis maximè structis evidentissimè undarum
effectu et fluctiiatione Congestis, imô variis sæpè corporum
marinorum reliquiis consociata. Übi suprà. pag. 5 j q.