3^0 DE QUELQUES ANIMAUX
Les recherches faites avec constance et aidées clu
discernement qu’elles exigent, n’ont eu lieu, que
dans de petits espaces, et il nous manque une multitude
d’observations que nous n’obtiendrons que
par des hommes instruits, et par des voyages plus
multipliés qu’ils ne l’ont été jusqu’à présent.
Nous trouvons quelques quadrupèdes enfouis
dans la terre , sur lesquels il est difficile de prononcer
avec certitude 5 nous devons les tenir
en réservé jusqu’à ce que des circonstances heureuses
nous mettent à portée de reconnaître des
objets comparatifs , ou même des analogues, soit
dans la nouvelle Hollande , soit dans l’intérieur
de l’Afrique , ou dans les parties désertes de
l ’Inde ou de l’Amérique. Je vais tracer ici la liste de
quelques-uns de ces quadrupèdes, sur lesquels il est
à desirer qu’on fasse des recherches particulières.
§. I.
L ’élépbant à dents molaires protubérantes ,
dont M. Peales a rétabli un squelette entier, pour
le muséum de Philadelphie, et un second squelette
moins parfait,, que ses fils font voir à Londres dans
ee moment. Ce rare morceau est beaucoup moins
complet que le précédent , quoiqu’il ait l’apparence
d’une belle conservation, parce qu’on a remplacé
diverses parties osseuses qui manquaient,
par de semblables,,pièces sculptées en bois, et
modelées sur celles qui sont en nature dans le
F O S S I LE S INCONNUS.
squelette du muséum de Philadelphie. On en a fait
de même pour quelques os de ce dernier qu’on a
aussi remplacés lorsqu’ils manquaient, ou étaient
trop dégradés , en les copiant sur ceux qui existaient
en bon état. En rétablissant ainsi , avec
beaucoup de peine et à grands frais , ces deux
superbes squelettes, M. Peales a été très-utile à
l’histoire naturelle.
On trouve dans le philosophical magazine ,
de Tillochj n°. 46, novembre 1802 , art. 26,
pag. 162 , un mémoire de M. Rembrandt Peales,
dans lequel il cherche a déterminer à quelle espèce
d’animal ses squelettes ont appartenu ; j’ai lu avec
attention ce mémoire qui ne m’est parvenu que depuis
peu, et qui ne change rien à mon opinion sur
cet incognitum des environs de l’Ohio , que monsieur
Peales appèle mal-à-propos Mammouth ,
mot consacré à, une autre espèce fossile d’éléphant
5 l’on serait porté naturellement à croire
que M. Peales affirme tout aussi mal-à-propos,
que son mammouth était carnivore exclusive-
ment, c’est-à-dire, qu'il ne mangeait pas de végétaux
, mais vivait entièrement de chair ou de
poissons, et probablement de poissons à coquilles
ou crustacés, et j e pense, dit-il, qu'il y a plusieurs
raisons de supposer qu'il était amphibie.
Je laisse le soin à d’autres de combattre cette opinion
s’ils trouvent à-propos de le faire ; je rap-
pèlerai seulement , que cet animal a d’énormes
défenses analogues à celles de l’éléphant, quoique
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