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niants enfants. Un instant après, la classe finit et le missionnaire
parut.
Presque en même temps survint Kapio-Lani vêtue
d’une robe de soie noire, en costume de cérémonie.
C était 1 heure de l’office. M. Forbs allait se rendre à
1 église ; ces messieurs le prièrent de ne point se déranger
et lui demandèrent la permission de le suivre. Ils
partirent donc tous ensemble, y compris Kapio-Lani,
qui, les yeux attachés sur le missionnaire, semblait n’oser
faire un mouvement sans son approbation.
L ’église.
L église de Kulpehu est une grande case en bois
couverte de feuillage, pouvant contenir quinze cents
personnes. L’auditoire qu’elle réunissait ce jour-là n’était
pas si nombreux; pourtant la nef rustique se trouvait
assez bien garnie. Sept ou huit cents fidèles y
avaient pris place, les hommes d’un côté, les femmes du
côté opposé ; toute l’assistance se tenait dans un grand
recueillement.
Auprès de la chaire est un grand carré réservé dans
lequel se tiennent les chanteurs, mais ils n’en occupaient
qu une partie. M. Vaillant et ses compagnons trouvèrent
dans ce carré des places réservées à leur intention. En
face, était aussi un emplacement réservé à l’usage des
dames ; ce fut en cet endroit que s’assirent Kapio-Lani
et .M““ Forbs,
Les voyageurs de la Bonite ne pouvaient trouver une
occasion plus favorable pour étudier la nouvelle physionomie
que les missionnaires ont imprimée au peuple des
Sandwich. Elle est déjà bien différente des peintures
qu’en ont faites les navigateurs à qui nous devons la
connaissance de ces îles. Ce peuple se transforme évidemment;
je ne sais s’il faut l’en féliciter. Il serait assurément
injuste de ne pas reconnaître un bien relatif dans
l’oeuvre des hommes qui se sont voués à son instruction
et de juger sur une simple ébauche de la perfection que
peut atteindre le grand ouvrage entrepris par eux. Un
jour viendra sans doute où le fruit de leurs efforts persévérants
se produira d’une manière plus évidente; mais
il est permis, en attendant, de douter des bienfaits de
l’intervention des étrangers, du moins pour les générations
présentes. Je trouverai plus loin la place de quelques
observations sur ce sujet. Je n’ai à parler maintenant
que de l’aspect extérieur de la troupe d’hommes et
de femmes formant l’auditoire de M. Forbs. Tous étaient
vêtus; les missionnaires l’exigent impérieusement dans
l’intérêt de la décence. Quelques femmes portaient des
robes et des chapeaux de forme américaine; le plus
grand nombre n’avaient qu’une chemise et se drapaient
dans un lambeau d’étoffe du pays. Les hommes pour la
plupart n’avaient pas de chemises; un morceau de la
même étoffe faite avec l’écorce du mûrier à papier, formait
tout leur ajustement. Quelques-uns cependant
mettaient plus de recherche dans leur toilette. On les