ral. Il (lélrnisit tous les étal)lissenieiits du gouvernement :
la douane, la maison du gouverneur, les casernes, les
batteries an nombre de trois (jii’armaient dix pièces de
canon , mais il épargna les projniétés particulières. C’en
fut assez toutefois pour l’uiner la prospérité naissante de
Col)ija.
Les capitalistes, dont les spéculations avaient attiré en
ce lieu toute une popidation de mineurs, dans le but
d’ex[)loiter les mines de cuivre, seule richesse du pays,
s’eflrayèreiit de la facilité avec laquelle un euiieuii euti-e-
prcuaul ¡jouvait foudre sur ce jioint isolé et détruire, en
(juelipies heures, les établissements qu’on y formerait.
Qui leur garantissait que, dans une nouvelle agression,
les biens des ])articnliers seraient respectés? L’industrie
vil de sécurité et de confiance; elle n’avait pins rien à
faire à Cobija. De ce moment, les capitaux se retirèrent,
rex[)loitalion des mines fut abandonnée et les mineurs,
privés de tout moyen il’exi.stence, quittèrent la contrée.
Quiroga et sa troupe n’avaient fait ipie passer; trois
jours leur avaient suffi pour acconqilir l’oeuvre de des-
li uctiou; mais les ruines amoncelées, comme un monument
de leur passage, étaient encore là lorsipie la Bonite.
vint à Cobija. Elles ne contribuaient pas ])0u à assombrir
le tableau si triste déjà des pauvres cabanes dont la
bourgade est composée.
Misùie (lu piiys.
Le co'ur sc serre, dit un de nos voyageurs , à l’aspeet
de tant de misère. J’ai rencontré à jieine une vingtaine
d’babitauts; ils sont tous maigres, jaunes et souf-
(reteux, eomme pour ténioigiier du peu de dons que la
nature a faits à leur pays. «
Et eu effet, cette contrée, pareille au surplus à tout le
littoral de la Bolivie, semble entièrement déshéritée,
'l'outes les provisions de bouche : fruits, légumes, farine,
etc., viemieut de Valparaiso. I.orsqu’on demande
aux babitauts : — Mais que produit donc votre pays?
« iSada (rien), » répondent-ils avec indifférence. Hâlous-
nous d’ajouter qu’ils n’ont besoin de rien.
l'opuitUioii.
La trilui (pii forme la [lopulaliou de Cobija , et ( | u ’ o ü
désigne sous le nom de Cbaugos, ne connaît eu effet
d’autres jouissances, que celle (¡ne donne une entière liberté;
d’autres besoins, que ceux qu’elle satisfait aisément
par la pêche. Lixée sur ce [loiut, elle y reste. Ou
ne la retrouve nulle jiart ailleurs. Elle a sa langue particulière,
qui n’est ni l’indien, ni l’espagnol, bien que les
habitants de Cobija parlent aussi très-bien la langue esjia-
gnole. Elle ne s’allie pas à d’autre po|)ulatiou. Joes Cbaugos
se marient entre eux, vivent entre eux, et ne désirent
pas autre chose que de rester ce qu’ils sont. Le jour, ils
se livrent à la pêche et trouvent leur liouheur à se sentir
balancés sur les (lots dans leur légère baisa. La nuit, iis
dorment insoucieux sur le sable du viv.age. C’est toute
leui- vie.