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leur plaisir moins encore qu’à l’accroissement de leurs
richesses artistiques.
Sur le rivage.
Cinq chevaux demandés la veille à Kapio-Lani attendaient
sur la rive.
Près de là se trouvait aussi le gouverneur Kouakeni.
Assis sous de grands arhres, le nouvel ami des Français
épiait le moment de leur débarquement pour les saluer
au passage. M. Vaillant, en mettant pied à terre, alla droit
à lui et lui serra la main.
Kapio-Lani de son côté attendait dans sa case la visite
des voyageurs avec qui elle devait retourner à Kulpehu.
Ils la trouvèrent prête à les recevoir. Des fauteuils et
des chaises étaient disposés pour eux. Tout respirait
dans sa vaste demeure, fort bien disposée, malgré son
apparence rustique, une aisance relative et une recherche
d’élégance qui n’était certainement pas sans but. On
y remarquait surtout une profusion de nattes très-fines,
chefs-d’oeuvre de l’industrie locale.
Après les premiers compliments, elle donna l’ordre
de seller les chevaux.
Magnificence de Kouakeni.
Mais au même moment survint Kouakeni ; un homme
le suivait, portant un rouleau de papier qu’il remit au
grand chef; celui-ci le déployant avec précaution et sans
rien dire, en lira un superbe manteau en plumes de
couleur, tel qu’en portaient jadis dans les grandes occasions
les rois de ces îles. 11 le plaça sur ses épaules. Sa
figure exprimait en ce moment un sentiment de fierté
et de satisfaction. Etait-ce en souvenir du passé que cet
ornement rappelait, ou Kouakeni voulait-il seulement
glorifier l’habileté de ses compatriotes qui savent produire
de semblables merveilles de goût? nul ne put le
dire, mais chacun s’empressa de louer la beauté de l’ouvrage
et la majesté du chef, qui paraissait de plus en
plus satisfait. Sûr désormais de l’effet qu’il désirait produire,
Kouakeni replia la riche cape, la remit soigneusement
dans son enveloppe, et, s’avançant vers le commandant,
il le pria, de l’air le plus gracieux, de vouloir
bien l’accepter, en joignant à ce cadeau un gros morceau
de bois de sandal.
La c'avalcade.
Cependant Kapio-Lani, montée sur son coursier, pressait
le départ ; chacun se mit en selle et la caravane partit
au galop. Cette allure n’allait pas à tout le monde, ni
à tous les chevaux. M. Vaillant et M. Barrot, mieux partagés
sous ce rapport que le reste de la troupe, purent
seuls la soutenir quelque temps; les autres se résignèrent
à les suivre de loin , jusqu’à ce que la route devenant
plus abrupte, la tête de colonne fût elle-même obligée
de prendre le pas. Le commissaire, à pied, était