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et alors commençait une sorte de spectacle fort divertissant
pour nos voyageurs.
« Les Sandwichiens, fort habiles nageurs comme on
sait, montaient au sommet de la cascade, et se laissant
aller au courant, se précipitaient avec lui d’une hauteur de
trente ou quarante pieds. Ce jeu recommençait plusieurs
fois. De jeunes enfants ne craignaient pas de s’y mêler,
comme pour porter aux officiers français le défi d’en
faire autant, ce que d’ailleurs aucun de ceux-ci n’était
tenté d’essayer,
(( Il paraît qu’en dépit de toutes les défenses, les
femmes elles-mêmes n’ont pas complètement renoncé à
cet exercice. Elles y assistent du moins sans aucun embarras.
Nous en vîmes même une qui, entraînée sans
doute par l’attrait de ce spectacle favori, s’élancait déjà
du sommet de la cascade, quand elle fut arrêtée par ses
compagnes plus timorées. La réserve, au surplus, semble
ne concerner que les étrangers ; elle disparaît tout à
fait en présence des Kanakas seuls *
Arrivée au Paris. Apprêts du festin.
« Après avoir cheminé quelque temps dans les bois,
la cavalcade, tournant à droite, s’engagea dans le sentier
qui conduit à la maison de campagne du roi. Nous
nous y arrêtâmes pour nous reposer et laisser souffler
nos chevaux, et nous reprîmes ensuite la roule du Paris.
Bientôt apparurent les cases abandonnées qui nous
avaient déjà prêté leur abri peu de jours auparavant ;
nous les aurions difficilement reconnues maintenant, (.e
lieu sauvage était complètement transformé.
« Plus de six cents Kanakas, assis en cercle, attendent
leur roi. Us ont édifié pour lui un toit de feuillages sous
lequel le couvert est déjà dressé; tous viennent a l’envi
faire hommage à sa table de quelque mets préparé à la
manière du pays.
« De distance en distance, de petits groupes de cuisiniers
s’occupent des apprêts du repas; les uns ont élevé
des fours en terre dans lesquels cuisent des cochons
tout entiers enveloppés de feuilles de taro et de plantes
aromatiques ; les autres accommodent d’une façon analogue
des poissons ou des volailles. Quand le roti est
presque cuit, oii le relire du four, on l’étend sur un lit
de feuilles de taro, el trois ou quatre Kanakas s’empressent
de faire rougir au feu des pierres cju’ils insinuent
ensuite dans l’intérieur de la pièce. La cuisson s’achève
ainsi d’une manière si égale et si parfaite que nos meilleurs
cuisiniers auraient jjeine à mieux réussir.
« On nous avait beaucoup parlé d’un plat national
tpii ne pouvait manquer d’être servi sur la table du roi ;
c’est une espèce de chien noir originaire du pays qu on
nourrissait pour cet usage avec des plantes aromatiques;
soit que l’ancien usage ait été abandonné, soit par toute
autre raison, nous cbercbâmes vainement la place où