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242 VOYAGE
sévère sur l’arlicle des moeurs, ne dédaignait peut-être
pas ce moyen d’influence pour attacher à sa suite ceux
que de plus sérieux motifs n’auraient pu enchaîner.
Nahiénaéna.
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Parmi les princesses qui siégeaient avec solennité autour
de Kanikéaouli, nos voyageurs avaient d’abord
cherché à reconnaître Nahiénaéna, la soeur du roi, dont
quelques historiens ont vanté la beauté et quelque peu
décrié la conduite. S’il faut en croire leurs récits, les relations
de cette princesse avec son souverain avaient
quelque chose de plus intime que ne le comporte la
simple et chaste amitié fraternelle; c’est une calomnie
sans doute, car Nahiénaéna était mariée à un jeune chef
de dix-buit ans, fils du grand chef Karaimoku et dont le
nom, Léleioboku, a été transformé par les Anglais en
celui de Pitt, je ne sais par quelle raison; mais toute
calomnie doit avoir un prétexte ; il se trouvait probablement
dans les grâces hors de comparaison de la belle
Nahiénaéna. Malheureusement pour les curieux, cette
princesse était absente. Une maladie, suite de couches
récentes, la retenait dans son lit. La cour d’Honolulu
manquait de son plus bel ornement.
Promenade à travers champs.
Le lendemain de la réception solennelle dont je viens
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DE LA BONITE. 243
de parler, MM. Gaudichaud, Fisquet et Souleyet se mirent
en marche avant le jour pour aller explorer le pays.
Voici comment l’un d’eux raconte les incidents de cette
promenade et dépeint la contrée qu’ils parcoururent
ensemble :
« Partis du bord, à quatre heures du matin, nous
fûmes entourés, en mettant pied à terre, par une quinzaine
de Kanakas qui, devinant notre intention, s’empressaient
à l’envi pour porter nos effets. C’étaient de
jeunes garçons vifs et alertes qui ne font jamais défaut
auprès de l’étranger. Nous en prîmes quatre qui devaient
nous servir de guides et se charger, au retour,
du produit de notre récolte scientifique.
« A quelque distance de la ville , nous arrivâmes aux
régions cultivées et nous traversâmes ensuite, pendant
trois quarts d’heure, des champs de taro soigneusement
entretenus.
Culture du taro.
« Cette culture exige un système d’irrigations permanentes.
La disposition du terrain s’y prête admirablement,
et il faut convenir que les naturels ont su en profiter
avec beaucoup d’intelligence. Ces champs forment
autant de bassins placés les uns au-dessus des autres en
amphithéâtre et séparés par d’étroites chaussées. L’eau
fournie par une rivière qui coule dans la vallée d’Honolulu
est conduite par plusieurs canaux dans les champs
les plus élevés, d’où elle se déverse naturellement dans