de toute espèce et tous les mets favoris des habitants.
On s’y repose à l’ombre des bosquets d’orangers; on y
danse la samaqueca et les autres danses fort aimées des
dames du pays. Le plaisir s’y présente sous toutes les
formes et l’on s’y livre eu toute liberté. Quelques-uns de
mes camarades purent aller prendre leur part de toute
cette joie : je n’en parle que d’après leurs récits.
Retour ¡tu Callao.
(' Les quarante-huit heures de permission qui m’avaient
été accordées par le commandant liraient à leui-
fin : il fallut songer au retour. Je pris place dans la voiture
du Callao, entre deux vieilles femmes, et je partis.
Ce n’était point sans regrets que je voyais défiler devant
moi toutes ces églises que je n’avais point visitées, ces
maisons à balcons mystérieux, dans lesquelles il ne m’avait
pas été donné d’entrer. Je quittais, sans espoir de
retour, cette ville de quatre-vingt mille âmes, où pas une
figure ne m’était connue, où je n’avais pu même lier
aucune de ces relations éphémères que le voyageur
contracte si aisément dans tous les pays où quelques
recommandations l’ont précédé. Je ne connaissais personne
à Lima; personne ne m’y connaissait, et peut-
être était-ce un bien.
« Pour l’officier de marine réduit aux faibles ressources
de son traitement, il est souvent fort onéreux d’être admis
dans la société eu pays étranger. Son amour-propre
a parfois à souffrir et cela est vrai surtout à Lima, où
l’argent n’a point de prix, où l’on dépense les onces,
comme à Paris les pièces de cinq francs. C’est ce qu’ont
pu éprouver les officiers de la station française. Présentés
dans plusieurs maisons du pays, ils sont obligés, par
raison d’économie, de se priver du plaisir de répondre
aux invitations qui les y appellent. Toute considération
personnelle à part, je crois que c’est un mal ; les relations
de société que les officiers de la marine française pourraient
entretenir dans les lieux visités par nos bâtiments
de guerre, établiraient nécessairement entre les habitants
et les Lrançais des liens de sympathie et de bienveillance
qui tourneraient au profit de notre influence
et aplaniraient à notre commerce bien des difficultés.
Nous sommes bien vus au Pérou; mais là, comme ailleurs,
nous gagnerions peut-être à être connus plus intimement.
I.e Cüllan.
« J’arrivai de bonne lieure au Callao et je pus le soir
même reprendre mon service à bord. Je n’avais garde
d’y manquer; je devais bien à ceux de mes camarades
qui s’étaient consignés pour me laisser quelques moments
de liberté, de leur rendre à mon tour le même
service. De ce moment mes seuls plaisirs pendant les
courts instants (pie je pouvais passer à terre se bornaient
à ceux que pouvaient m’offrir nu^s crayons el la prome