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CependaiU l’heiire convenue était passée depuis longtemps
el Kapio-Lani ne paraissait pas. Ce n’était pas
chez elle défaut d’empressement; mais elle n’aurait osé
se rendre à hord avant l’arrivée du missionnaire et elle
l’attendait avec impatience. Enfin , à midi et demi,
M. Barrot, qui avait cru devoir poliment aller au-devant
de M. Forhs, revint avec celui-ci et les deux dames.
Kapio-Lam fut traitée à son arrivée avec le cérémonial
qu’on est convenu d’accorder aux chefs de ce pays;
elle trouva la garde sous les armes et reçut un salut de
cinq coups de canon.
La vue d un bâtiment de guerre était aussi nouvelle
pour M. et M - Forbs que pour Kapio-Lani. M. Vaillant
s’empressa de leur montrer en détail la corvette, où tout
excitait leur admiration et il invita ensuite les dames à se
reposer dans sa chambre.
En ce moment Koua-Keni, qui sans doute avait conservé
un bon souvenir de la réception de la veille, parut
inopinément accompagné de Kékéli. Il n’était point attendu
et je ne sais si Kapio-Lani n’aurait point préféré
qu’il lui eût laissé sans partage cette journée, sur laquelle
elle avait compté. Elle n’en témoigna rien cependant,
mais bientôt, incommodée par la chaleur, elle exprim!
le désir de monter sur le pont et demanda que le dîner
y fût servi. M. Vaillant, comme on le pense bien, ne
manqua pas d’inviter le gouverneur Koua-Keni à ce nouveau
festin; mais il céda volontiers à l’état-major le
plaisir de traiter cette fois Kékéli.
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Le dîner se passa fort bien et avec beaucoup de tenue.
La présence du missionnaire et de sa femme exerçait
évidemment une grande influence sur la conduite des
convives. Kapio-Lani en particulier ne faisait pas un
geste, pas une exclamation, sans en chercher d’avance
l’approbation dans leurs regards. Elle ne put toutefois
se contenir, à la vue d’un nougat, élégant édifice qui
contribuait à l’ornement du service. Les ho! les ha! qui
lui échappèrent naïvement témoignèrent d’une satisfaction
qui avait besoin de se manifester et qui fournit
aux assistants une scène assez amusante.
Après le dîner, M. Vaillant, offrant sa main à Kapio-
Lani, la conduisit de nouveau dans sa chambre, où il
avait fait étaler les cadeaux qu’il lui destinait. C’étaient
des bagues, des colliers, des bracelets, des boucles d’oreilles,
qui s’ils n’avaient point une grande valeur , ne
manquaient pas du moins de brillant et d’éclat. L’effet
ne répondit pas à l’attente du commandant. La noble
dame en parut médiocrement satisfaite. Elle aurait préféré
des rubans et des étoffes, ainsi qu’elle le témoigna
par signes. Malheureusement on n’en avait pas à lui
offrir.
A cinq heures et demie Kapio-Lani partit avec M. et
M*"” Forbs, et fut encore saluée de cinq coups de canon.
Kouakeni se retira aussi bientôt après, mais il n’était
point traité en cérémonie ce jour-là ; on se borna pour
lui aux honneurs de la garde.
Bonitf. — Relation du voyage. Tome II.