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promettre dès le premier abord. Je dois dire toutefois
qu’elles se bornaient généralement à ces avances sans
conséquence et que plusieurs de nos marins, enhardis
par ces préliminaires à leur demander davantage, n’eu
reçurent pour toute réponse que le mot tahou, qu’elles
articulaient d’un air effrayé en montrant du doigt la demeure
du chef.
« Leur costume, quand elles se laissaient ainsi voir
hors de chez elles, consistait en une simple pièce d’étoffe,
qu’elles drapaient autour d’elles, non sans grâce.
« 11 ne faut pas se bâter d’en conclure qu’elles devaient
sembler jolies sous ce costume. J’ai vainement
cherché, quant à moi, la confirmation des éloges que
les premiers navigateurs ont, peut-être trop libéralement,
accordés à leur beauté. Le sang du peuple sandwichien
est-il dégénéré ? ou fallait-il, pour en faire ressortir les
charmes, l’allure libre de la nature et ces exercices aujourd’hui
abandonnés, dans lesquels les filles des Sandwich
se jouant au milieu des ondes, comme une troupe
de nymphes de la mer, aimaient à développer leur souplesse
? »
La veille du départ.
Le mercredi 5 octobre était le dernier jour que la
Bonite devait passer au mouillage de Kearakekoua. Tout
fut disposé, dès le matin, pour qu’elle pût appareiller la
nuit suivante. Les divers officiers qu’occupaient les travaux
scientifiques durent se mettre en mesure de clore
leurs opérations. Le plan de la baie était terminé;
M. Gaudichaud, chargé déjà d’un riche butin, se disposait
à rentrer à bord avant la fin de la journée. On régla
les comptes de Kapio-Lani et du gouverneur Kouakeni.
L’homme d’affaires de la première reçut en payement
de quelques barils de patates quinze piastres fortes ;
tandis qu’une collection d’outils et de fer était livrée
au gouverneur, pour prix de plusieurs boeufs et cochons
et d’autres denrées. Les échanges avec les naturels continuèrent
d’ailleurs jusqu’au dernier moment, en sorte
que les canots du bord, aussi bien que les pirogues du
pays, ne cessaient de sillonner la rade.
Nouvelle visite au village de Kulpehu.
M. Vaillant n’avait pas oublié cependant qu’il avait
promis cette journée à M. Forbs : il descendit à terre
à huit heures du matin, accompagné de M. Barrot, de
M. Chaigneau et de MM. Fisquet et Lauvergne. Ces deux
derniers n’avaient pas attendu jusque-là pour exercer leurs
crayons et leurs pinceaux ; quelques dessins comme ils
savent en faire marquaient déjà dans leurs cartons le souvenir
de leur passage à Kearakekoua ; grâce à eux aussi
le commandant avait pu offrir à Kouakeni et à Kapio-Lani
leurs portraits fort ressemblants faits et encadrés pendant
leui’s visites à bord. Il savait qu’en ménageant aux deux
peintres en titre de l’expédition une occasion de voir de
nouveaux sites et de nouveaux objets, il contribuerait à