avec eux la direction des affaires de commerce. Dans
cette classe, les moeurs el les usages n’ont rien qui se
distingue essentiellement de nos usages et de nos moeurs.
On y rencontre d’ailleurs des hommes remarquables par
leur instruction et leurs bonnes manières. Je citerai
comme exemple deux négociants péruviens, don José
Tabara et son frère Santiago Tabara, chefs de la plus
forte maison de commerce de Payta, qui l’un et l’autre
ont voyagé eu Europe et séjourné eu France. Notre
langue leur est familière; Tun d’eux, don José, est auteur
d’un mémoire intéressant sur les finances du Pérou.
Les funérailles.
Il y a a Payta deux églises très-pauvres que nos voyageurs
visitèrent ; ce fut pour eux l’occasion d’assister à
une touchante cérémonie.
On faisait les funérailles d’une jeune fille morte <à dix-
huit ans, à cet âge où la vie se présente si riante et si
bonne, a 1 âge des douces illusions et des rêves dorés.
Aucun rite particulier ne distinguait ces funérailles;
mais ce qui leur donnait une couleur locale, était la
composition même du convoi.
Chez nous la douleur d’une mère se cache dans l’intérieur
de sa demeure; les hommes seuls accompagnent
au lieu de Téternel repos les restes inanimés de ceux que
lions avons perdus. Il n’en est pas ainsi parmi les populations
plus voisines de la nature. Aucun sentiment hon-
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iiéte ne craint de se pioduive, et quel sentiment a plus
besoin d’expansion que celui de la douleur?
Une troupe nombreuse de femmes en deuil suivait le
cercueil de la jeune fille : on ne fit pas de discours sur
sa tombe, mais on l’arrosa de larmes; les sanglots de
ses amies, le désespoir de sa mère, les regrets hautement
exprimés de toute l’assistance, furent son oraison funèbre.
Les choses ne se passent pas ainsi lorsque vient à
mourir, après le baptême, un enfant de moins de sept
ans. On célèbre sa mort comme une fête; la douleur se
tait et fait place à la reconnaissance. Ne doit-on pas se
réjouir du bonheur de son enfant? Alors parents et amis
viennent se joindre au père et à la mère pour les féliciter,
et tous, en signe de joie, dansent autour du corps de
Tenfant déjà reçu dans le paradis.
Il est facile de reconnaître dans cette pratique Tin-
fluence des idées religieuses; ainsi TÉglise se réjouit
quand un petit ange d’innocence quitte la terre pour
monter au ciel. Elle revêt le blanc, symbole de candeur
et de joie, et les prières qu’elle adresse à Dieu sont des
actions de grâces.
Cabotage.
J’ai déjà dit quelle est l’importance du commerce de
Payta : elle est tout entière dans l’importation des marchandises
du dehors. Les objets de luxe y entrent pour
peu de chose, aussi sont-ils rares et très-chers à Payta.