)62 VOYAGE
tombèrent inopinément et après une journée de calme,
une faible brise de N. E. se fit sentir pour la première
fois le 31 août. La Bonite était en ce moment à cent
quatre-vingts lieues dans le S. O. d’Acapulco par 11° 16'
de latitude N. et 109° 16' de longitude O.
Ce vent favorable continua à souffler pendant quatre
jours, avec une force inégale et en variant parfois à 1 E.
et au S. E. La corvette en profita pour s’éloigner de la
côte d’Amérique et faire du chemin dans l’O. ; mais ses
épreuves ne devaient pas finir sitôt. Le temps continuait
à être pluvieux et chargé de grains qui se formaient incessamment
dans le S. O. et luttaient contre l’influence
des vents alizés. Le 4 septembre, les brises contraires
prirent encore le dessus et après quelques moments de
calme elles soufflèrent avec violence jusqu’au 10 septembre.
Ce jour-là seulement, elles tombèrent tout à fait,
pour ne pas revenir. Un calme plat leur succédant dura
pendant quarante-huit heures.
1 \ septembre ; ca lme, observations sou.s-mannes.
La journée du 11 fut employée utilement pour la
science; il eût été difficile de trouver des circonstances
plus favorables aux observations sous-marines.
On voulut les mettre à profit pour vérifier la température
de la mer à la plus grande profondeur possible. Il
fallait d’abord disposer une ligne de sonde d’une longueur
et d’une force proportionnées an but proposé ;
tout ce qu’il y avait à bord de cordages propres à servir
pour cela, tels que galhaubans de cacatois, amarres de
bonettes, etc., furent mis bout à bout et ajoutés aux lignes
ordinaires. On put, par ce moyen, faire descendre
le thermométrographe à treize cents brasses (six mille
cinq cents pieds) de profondeur. Il ne fallut pas moins
de vingt et une minutes pour filer toute cette longueur
de ligne. L’instrument resta au fond pendant un quart
d’heure, après quoi tout l’équipage fut employé à le retirer
de l’eau. Cette opération exigea une heure quarante
minutes.
Le thermomètre à l’air libre marquait en ce moment
29“ 3. La température de la mer à la surfaca était de 27“ 7.
Les indications du thermométrographe donnèrent 5" 8
pour les profondes couches d’eau qu’il venait de sonder;
c’était, comme on le voit, une différence de 24“ environ
comparativement à la température atmosphérique.
L’appareil de M. Biot fut plongé le même jour à trois
cent quatre-vingts brasses (dix-neuf cents pieds) et fournit
des indications très-curieuses sur le volume d’air que
l’eau de la mer contient à cette profondeur*.
Tandis qu’à bord de la Bonite on utilisait ainsi le
temps perdu pour la navigation , le ciel achevait de se
dégager des nuages qui le voilaient presque constamment
depuis près d’un mois.
’ Voy. la partie physique.