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occupe la place réservée au maître-autel dans les églises
catholiques. Rien de tout cela n’eût paru remarquable
dans un autre pays; mais sur l’île Hawaii, dans un pays
où la civilisation commence à peine à se montrer, l’église
de Tadua, la plus belle d’ailleurs de lout l’archipel, pou-
xait exciter la surprise, sinon l’admiration des étrangers
el justifier le sentiment d’amour-propre avec lequel
Koua-Keni aime à la faire voir.
Le iiioiaï de Tamcaiiiéa.
Après l’éghse, il y a à Tailua un lieu qui doit attirer
l’attention du voyageur. On sait que ce village était autrefois
la résidence de Taméaméa ce roi conquérant
et organisateur qui, après avoir affermi son autorité
comme chef de l’île Hawaii et vaincu son compétiteur,
porta ses armes victorieures sur les autres îles et les réunit
bientôt sous son sceptre pour n’en former qu’un
seul royaume. On voit encore à Taïlua le moraï de Taméaméa
: c’est une vaste enceinte en pierres dans laquelle
se trouve la sépulture du grand chef. Deux idoles en
bois sculpté s’élèvent encore sur une plate-forme voisine
du tombeau, comme pour garder la dépouille qu’il renferme;
elles ont survécu à la ruine de l’ancien culte,
protégées probablement par le respect qu’inspire la mémoire
de Taméaméa Fb Koua-Keni n’a pas trouvé de
meilleure place pour dresser la maison de bois élevée
d un étage qu’on lui a envoyée toute faite des États-Unis
et pour mettre ses pirogues à l’abri. C’est aussi là qu’oii
a installé la batterie qui protège la résidence du chef de
l’île. Cette batterie, forte de sept canons de dix-huit et
de six canons de huit montés sur affûts avec roues en
fer, est en assez mauvais état. Elle avait pourtant fait
sans accident, au débarquement du commandant, un
salut de cinq coups de canon qui fut renouvelé à sou
départ quelques heures après.
Le repas des chefs.
Pendant que M. Vaillant visitait ces curiosités sandwichiennes,
ses officiers étaient partis pour aller chasser
dans les environs; mais avant, M. Eydoux avait
exercé son ministère auprès de Kéoua, qui, sans être
précisément malade, succombait sous le poids de son
obésité. Le docteur lui appliqua un cautère : c’était un
régime diététique qu’il lui aurait fallu ; mais la dame pa-
l'aissait peu disposée à imposer des privations à son appétit.
Le commandant eut occasion de s’en apercevoir
quand, rentrant chez Koua-Keni après ses courses dans
le village, il vit le mari et la femme parallèlement couchés
sur des nattes, se livrer au plaisir de la table. On
eût dit deux géants prenant un de ces repas homériques
dont le seul récit effraye nos estomacs délicats. Car, selon
la judicieuse remarque de Bercboux ; Hélas l nous n a -
vons plus T estomac de nos pères !
Ce n’est pas que le menu ressemblât le moins du