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meiils à donner à l’agriculture et sur la meilleure répartition
des produits.
On sait que, sous ce dernier rapport surtout, tout, ou à
Jieu près, est encore à faire aux îles Sandwich. La propriété
se trouve exclusivement entre les mains de la classe privilégiée
des chefs. Le peuple , proprement dit, n’y possède
rien. Le Kanaka travaille, mais 11 ne peut disposer
du fruit de son travail; tout est pour le maître qui le
pressure tant qu’il peut, et lui abandonne à peine de
quoi subvenir à sa nourriture. Entre les chefs eux-mémes,
rien de réglé sûrement par la loi, la force décide le plu!
souvent dans toutes les contestations; le plus puissant
opprime le plus faible.
Il n est pas malaisé de comprendre qu’en de telles
conditions et, quelles que soient l’intelligence et l’industrie
de ce peuple , l’agriculture ne rende pas tout ce qu’elle
pourrait produire. On conçoit aussi facilement que ses
produits, au lieu de tourner au profit et au bien-être de
tous, soient gaspillés selon l’avidité ou le capi’ice de
quelques-uns.
M. Vaillant ne fit aucune difficulté de soumettre au roi
ses observations et ses idées. Sans entreprendre avec lui
un cours de gouvernement et d’économie politique (ce
qui l’aurait conduit beaucoup trop loin), il lui signala
quelques améliorations de détail qui devaient, selon lui,
contribuer à la prospérité du pays. Ainsi, pour développer
ses richesses agricoles, intéresser les Kanakas à la
culture en les rendant propriétaires et en leur assurant
le fruit de leurs travaux, à la seule condition de l’acquil-
tement des impôts : protéger ces hommes utiles contre
l’exaction et la violence des chefs ; déterminer, par de
bonnes lois, les droits et les obligations mutuelles de
chacun ; favoriser et régler certaines cultures qui semblaient
devoir profiter le plus au pays ; empêcher la dévastation
des forêts et la destruction des arbres utiles,
tels que le noyer, par exemple, dont l’industrie de quelques
résidents commençait à tirer parti en employant
son fruit, presque dédaigné, à fabriquer de l’huile propre
à divers usages ; créer, pour la facilité des transactions
journalières, une monnaie de billon qui manquait complètement
dans le pays.
Ces idées, et d’autres semblables, présentées avec les
développements propres à en faire comprendre les avantages
et la portée, étaient naturellement accompagnées,
dans les discours du commandant, de l’exemple de ce
qui se pratique en France et dans les autres pays de
l’Europe.
Elles plaisaient à Taméaméa , qui en faisait part à sa
soeur Kinau. Celle-ci, quoique plus réservée, ne laissait
pas d’en être frappée et ses dispositions à l’égard des
Français, comme son opinion sur leur compte, se modifiaient
sensiblement.
On n’était pourtant encore qu’au 14 octobre; c’était
le surlendemain de la visite du roi à bord de la corvette.
Lorsque M. Vaillant se leva pour sortir, le roi lui proposa
de venir le lendemain faire avec lui une promenade