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américains, Kaahoumanou se conduisait entièrement
d’après leurs conseils. C’était par sa faveur qu’ils étaient
parvenus à détruire l’ancien culte, à modifier les usages
du pays et à fonder leur influence qui n’a fait que s’accroître
et se consolider depuis.
Ils n’eurent pas grande peine à persuader à cette femme
exaltée et très-entière dans ses volontés, que l’intérêt de
l’Etat, aussi bien que celui de la religion, exigeait l’expulsion
des deux étrangers qui venaient répandre des idées
nouvelles et, selon eux, dangereuses.
Vainement les deux pauvres prêtres invoquèrent-ils
leur caractère pacifique et inoffensif, vainement leur
conduite irréprochable plaida-t-elle pour eux, ils furent
brutalement chassés sur un ordre qu’on fît signer au
jeune roi. On n’attendit pas même qu’une occasion se
présentât pour eux de s’embarquer à bord de quelque
navire européen, on les jeta sur une goélette du gouvernement
sandwichien qui les porta sur la côte de Californie
et les abandonna sur la plage, sans aucune ressource,
à plusieurs lieues de toute habitation.
Ces faits n’étaient point connus en France au départ
de la Bonite et M. Vaillant n’en était point instruit avant
d arriver a Honolulu. Mais les autorités aussi bien que
la population du pays ignoraient cette circonstance.
Aussi, quand parut la corvette, nul ne douta que le but
de sa mission ne se rapportât à l’expulsion des deux
prêtres catholiques, dont, suivant la rumeur publique,
elle venait tirer vengeance.
Premières visites.
C’est ce qui explique l’empressement des trois premières
personnes dont le commandant reçut la visite
au moment même de son arrivée. Ces trois visiteurs, venus
à bord avec le pilote, se gardèrent bien de trahir les
préoccupations de la petite cour d’Honolulu. Ils se répandirent
au contraire en compliments, en offres de services
et en témoignages de sympathie ; mais ils n’épargnèrent
pas les questions sur la mission de la Bonite,
sur sa provenance, sur sa destination, sur les nouvelles
qu’elle apportait, au point que M. Vaillant crut voir,
dans leur visite si empressée, moins une preuve d obligeance
qu’un signe de curiosité. Un de ces trois personnages
était Haalilio, secrétaire du roi.
Ils se retirèrent fort satisfaits apparemment, car rien,
dans les réponses du commandant, ne put justifier leurs
craintes.
M. Walsh.
Mais quelques heures plus tard survint à bord de la
Bonite un nouveau personnage dont la conversation devait
fournir plus de lumières sur la situation, et determiner
la conduite du commandant pendant sa relâche.
C’était M. Walsb, missionnaire catholique irlandais, arrivé
depuis huit jours seulement et qui déjà avait reçu
l’ordre de quitter le pays. Il raconta à M. Vaillant