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Fausse apparence de terre.
Un jour, au moment où l’officier de quart observait
avec attention l’approche d’un de ces grains, il crut distinguer
à l’horizon une terre basse dont la silhouette se
dessinait parfaitement sur le fond du ciel. Une des extrémités
de cette terre supposée se présentait dans la direction
de l’avant du bâtiment, l’autre se perdait à l’O.
dans la brume. L’officier hésitait à en croire ses yeux ;
il commanda néanmoins de laisser arriver au N. O. et fit
prévenir le commandant. Dans ce moment le maître de
quart venait aussi avertir qu’on voyait à l’horizon une
ligne blanche s’étendant jusque dans la direction de l’avant
du navire. Bien que les cartes n’indiquassent aucun
danger dont le gisement pùt correspondre à la position
où se trouvait alors la B onite, la prudence commandait
de tenir compte de ce double avertissement ; le commandant
fit donc porter au N. E. quart N. et l’attention
de tout le monde se fixa sur le point de l’horizon signalé.
Tout le monde vit ou crut voir comme l’officier
et le maître, et pendant quelque temps on put croire à la
rencontre d’une île inconnue. Ce n’était cependant
qu’une illusion d’optique. L’apparence trompeuse se
dissipa peu à peu, et la corvette reprit sa première
route.
25 août; orage.
Le 25 août les vents jusque alors favorables commencèrent
à mollir et tournèrent à l’O. N. O. Était-ce l’indication
des approches de l’alizé ? On l’espéra d’abord et
l’on n’y vit qu’un présage favorable. La journée fut consacrée
à divers exercices destinés à perfectionner l’instruction
militaire de l’équipage. Cependant le ciel se
couvrait de nuages, le temps prenait un aspect orageux.
La nuit venue, ces signes inquiétants prirent
un caractère plus sinistre, bientôt des éclairs se montrèrent
du côté de l’orient ; on entendait déjà gronder
le tonnerre dans le lointain. De moment en moment le
bruit augmentait en se rapprochant; les éclairs devenaient
plus fréquents et se dessinaient de plus en plus
éblouissants sur le fond noir de 1 horizon, a quatre
heures du matin l’air était en feu et la foudre éclatait
avec une violence effrayante. Elle.fut accompagnée d’une
pluie torrentielle qui ne cessa de tomber jusqu’à neuf
heures du matin. Le calme survint en ce moment; mais
le ciel ne perdit pas son apparence orageuse.
Calme ; expériences sous-marines.
La Bonite ne marchait plus ; on songea à profiter de
cette circonstance pour faire une première expérience
dans le but de déterminer la température des couches
inférieures de l’eau de la mer. On tint note aussi de la
quantité de pluie tombée pendant l’orage. L’adomètre
accusait seize millimètres d’eau ; ce n était rien en comparaison
de ce que promettaient les jours suivants.