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des Français et que pouvaient à peine écarter, à grands
coups de bâton, les agents préposés à la police du lieu.
Le roi reçut les Français dans un pavillon appartenant
à Kinau sa soeur; on eût dit que ce prince, naturellement
timide, avait voulu se jdacer sous la protection
de celle-ci. Peut-être l’avait-elle exigé, car Kinau semble
avoir succédé à la’toute-puissance de la régente Kaahou-
manoii. C’est elle qui, sous le titre de gouvernante de
1 île Oabu, mène toutes choses dans le royaume et règle
toutes les décisions du conseil.
Ln officier de la cour sandwichienne en uniforme de
capitaine de vaisseau introduisit M. Vaillant et sa suite.
Taméaméa était entouré de toute sa cour; il portait
un habit de façon européenne galonné d’or au collet,
avec des épaulettes de colonel.
A sa droite était Kinau. Il invita M. Vaillant à s'asseoir
à sa gauche dans un fauteuil. Venaient après, la princesse
Kékoluolii, assise à la droite de Kinau et Kaüonohi
à la gauche du commandant. Ces trois princesses, veuves
toutes trois du précédent roi Lio-Lio (Taméaméa II), ont
seules, comme anciennes reines, le privilège de s’asseoir
en presence du roi. Des chaises disposées en demi-cercle
, en face du roi, furent occupées par l’état-major de
la corvette; tandis qu’à l’extrémité de la salle de réception,
se tenaient les chefs résidant près du souverain et
les dames de la suite des princesses.
Après les présentations, qui furent faites par M. Charton,
le commandant échangea avec le roi les compliments
d usage. Il se félicita de l’occasion qui lui était
offerte de connaître un prince si dévoué au bonheur de
ses sujets et si désireux de leur assurer les bienfaits de
notre civilisation. H exprima des voeux pour le succès
de ses louables efforts et la prospérité de son règne; ne
toucha pas un mot des griefs qu’on lui avait dénoncés
à son arrivée; dit qu’il serait heureux de rapporter dans
notre belle France le souvenir de tout ce qu’il voyait el
témoigna le désir d’avoir, avant de partir, les portraits
du roi et des princesses, qu’il voulait faire connaître dans
son pays, le plus éclairé du monde.
M. Cravier traduisait les paroles du commandant que
recueillait le roi Kanikéaouli, visiblement flatté.
Aux derniers mots de M. Vaillant, il parut se concerter
un instant avec les princesses et répondit qu’il était prêt
à se laisser peindre tout de suite si quelqu’un voulait
s’en charger.
MM. Lauvergne, Toucbard et Fisquet prirent aussitôt
leurs crayons, et pendant une demi-heure on aurait pu
se croire dans une académie de peinture, plutôt qu’à
une séance de réception à la cour.
La conversation avait été suspendue en effet pendant
que Taméaméa III prêtait sa royale figure en modèle à
nos dessinateurs. Le commandant la reprit quand leur
esquisse fut terminée. Sachant déjà que le roi avait
grande envie de visiter la corvette, bien qu’il n’eûtpoint
osé manifester son désir, il l’invita à venir y passer une
journée. Kanikéaouli accepta avec empressement cette