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« Le hasard nous avait procuré cette gracieuse vision ;
elle s’évanouit bientôt. Près des jeunes néréides, veillait
en effet une vieille duègne, aux yeux perçants,
à l’oreille attentive. Elle entendit sans doute le bruit de
nos pas ; nos têtes se montraient à peine sur le sommet
du rocher, qu’un signal d’alarme mit en fuite l’essaim
joyeux. En un clin d’oeil tout avait disparu dans les
hautes herbes qui bordent la rive.
« Quand nous descendîmes nous-mêmes au pied de la
cascade, aucun autre bruit que celui de ses eaux ne troublait
le calme de ce beau lieu.
<( Nous étions seuls ; Fonde était claire et limpide ; il
faisait chaud ; or, le bain rafraîchit. Nous ne manquâmes
pas de profiter de l’occasion, bien sûrs que personne ne
viendrait nous déranger; nous le pensions du moins.
Mais nous comptions sans la curiosité des filles d’Ève.
Nous avions pris la place des baigneuses que notre approche
avait effarouchées et nous les croyions bien
loin déjà. Quelle ne fut pas notre surprise, en levant les
yeux, de voir le rocher couronné de toutes ces belles
fugitives qui, vêtues maintenant, ne se faisaient pas scrupule
de nous contempler à leur aise! Ce trait suffit à
peindre les moeurs du peuple d’Oahu et à donner une
idée de la manière dont il comprend les leçons de modestie
que les missionnaires cherchent à lui inculquer.
« Ce fut le dernier incident de cette promenade, dont
chacun de nous rapporta d’agréables souvenirs, et qui
valut à l’expédition bon nombre d’objets intéressants
pour l’étude des sciences naturelles. Les Kanakas de
M. Gaudichaud ployaient, en revenant, sous le poids de
tout ce qu’il avait récolté *. »
L a chapelle des marins; M. Deel.
On voit à Honolulu, tout près du port, une petite
chapelle construite en pierres que ne fréquentent jamais
les naturels du pays. Ce bâtiment est divisé en deux
parties ; l’une sert à la célébration de l’office divin ; on
trouve dans l’autre un cabinet d’histoire naturelle et une
bibliothèque où sont réunis de nombreux volumes et
quelques gazettes anglaises et américaines.
M. Deel, missionnaire américain, a fondé cet établissement
en faveur des marins baleiniers ou autres qui
fréquentent les îles Sandwich. Il en est resté le chapelain.
M. Vaillant ne pouvait manquer de le visiter.
M. Deel l’accueillit avec beaucoup de cordialité; il lui
montra en détail sa chapelle, ses richesses bibliographiques
et ses collections d’histoire naturelle. Il appela surtout
son attention sur une collection de plantes encore
en paquets, qu’il avait cueillies lui-même dans ses excursions
au Mowua-Roa dans l’île Hawaii ; car M. Deel cultivait
avec goût les sciences, particulièrement la botanique.
Le commandant, qui regrettait toujours de n’avoir pu
laisser à ses officiers le temps d’explorer eux-mêmes le
' M . F is q u e t , jo u rn a l p a r t icu lie r .