« Sur la face O. cle la grande place, s’élève le palais
du président. Les deux autres côtés sont formés par des
maisons ornées de portiques sous lesquels on remarque
d’assez jolis magasins. Le milieu de la place est décoré
d’une belle fontaine.
Population.
« Après la cathédrale, ce que je désirais le plus de visiter
était le Panthéon, où reposent les cendres de notre
compatriote le capitaine de vaisseau Moulac. Je m’en
étais fait d’avance une idée eu harmonie avec le nom
qu’on lui a donné ; on verra s’il méritait l’empressement
que je mis à le visiter. Il fallait pour cela traverser la
ville et francbir ensuite une demi-lieue de distance par
un chemin sablonneux. C’était long, mais nous n’avions
garde de le remarquer, car tout ce c[ui frappait nos
yeux pendant le trajet avait pour nous de l’intérêt.
L’aspect de la ville devenait plus animé; un humide
brouillard, qui avait un peu contrarié le début de notre
promenade, s’était dissipé pendant cjue nous déjeunions;
les rues se remplissaient de monde; c’était le cas de
faire nos remarques sur la physionomie extérieure de la
population liménienne. Llle offrait, comme on peut bien
le penser, la variété que comporte partout la différence
des classes, dans une grande cité, même sous le régime
égalitaire d’une république. A côté du brillant cavalier,
portant fièrement son manteau et son feutre légèrement
conique, l’homme du peuple avec son puncho à peu
près semblable au costume chilien; plus loin, l’habitant
des campagnes, ou le montagnard trapu à l’air farouche,
les pieds enveloppés d’un morceau de peau dè cheval en
guise de bottes et la tête couverte d’un bonnet pointu,
dont une peau de mouton avait fait tous les frais. Nous
ne nous lassions pas de considérer ces visages à moitié
sauvages, dans lesquels nous cherchions à démêler les
traits de l’ancienne race péruvienne. Mais ce qui frappe
surtout l’étranger et ne pouvait manquer de nous frapper
aussi, c’est le costume et la démarche des femmes
de Lima. A l’inverse de ce qui se passe ailleurs, il y a
parmi elles beaucoup plus d’uniformité, du moins quant
à la forme de leur vêtement. On l’a décrit bien souvent,
et pourtant je ne peux résister au plaisir de le décrire à
mon tour; c’est un prétexte peut-être de me rappeler
l’impression que j’en ressentis et dans laquelle entrait
sans doute un peu de curiosité désappointée.
Costume des Limcniennes.
(( Walter Scott, décrivant quelque part la galerie de
portraits d’un antique château, dit c[ue le costume des
dames représentées dans cette collection généalogique,
prouvait que nos grand’mères aimaient autant que leurs
petites-filles à montrer de leur peau tout ce que la bienséance
permet d’en laisser voir.
« On ne peut pas faire la même critique des Limé