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On avait déjà commencé en rade à goudronner le
greement de la Bonite; la chaloupe était employée à renouveler
l’eau de la corvette ; tous les autres travaux,
dont une relâche est toujours l’occasion, avaient été mis
en train dès le matin; les naturalistes de l’expédition,
aussi bien que les dessinateurs et le géologue, se disposaient
a reprendre le cours de leurs recherches; tout
enfin se trouvait réglé de manière à rendre i)rofitable le
séjour qu’on devait faire à Honolulu.
Tranquille sur ce point, M. Vaillant pouvait désormais
donner toute son attention à d’autres intérêts bien plus
importants aux yeux d’un officier de la marine militaire.
Dans un pays où se voient si rarement nos bâtiments
de guerre, la Bonite ne devait pas passer sans laisser un
durable souvenir.
Il fallait faire connaître la France, sa puissance et sa
grandeur à un roi demi-civilisé et à ses conseillers plus
maîtres que lui ; afin d’assurer aux navires de notre commerce
et aux Français qui viendraient aborder ces îles
un traitement favorable. Car la bienveillance et même
la justice se mesurent souvent au plus ou moins de res-
jiect qu inspire la nation de celui qui en est l’objet.
Or, il faut bien le dire : aux îles Sandwicb, le nom
même de la France était presque inconnu.
On n’y soupçonnait pas qu’il pût exister d’autre grand
peuple que les Américains et les Anglais. Aussi, tandis
que les premiers se présentaient partout en maîtres,
tandis que le roi des Sandwicb reconnaissait la siizeraineté
de l’Ânglelerre, les Français ne pouvaient trouver
à Honolulu qu’une hospitalité douteuse, toujours subordonnée
au caprice des chefs et à l’intérêt de leurs rivaux.
M. Vaillant se proposa de donner au gouvernement
sandwichien des idées plus justes de la grandeur de
notre pays et de profiter des l elations suivies qu’il devait
avoir avec Taméaméa lit pour inspirer à ce prince une
crainte salutaire du pouvoir de la France, en même
temps que sa conduite vis-à-vis de lui tendrait à faire
naître quelques sentiments de sympathie pour les Français.
Nous verrons plus tard comment il y réussit,
V isite offieielle :in ro i des S tindw icli.
Le 10 octobre, à dix heures et demie du matin, le
commandant de la Bonite, suivi des officiers et des
élèves de son bâtiment, tous en grande tenue, descendit
à terre pour aller faire sa première visite au roi Rani-
kéaouli (Taméaméa 111). M. Charton, consul d’Angleterre,
l’attendait pour se rendre avec lui chez le roi.
Il ne s’agissait ce jour-là que d’une simple présentation
: c’était purement une question d’étiquette ; aussi
de part et d’autre avait-on attaché une certaine importance
aux détails du cérémonial.
Le brillant cortège de M. Vaillant avait attiré sur la
plage une multitude de naturels qui se pressaient autour