lance spéciale dont ils ont besoin pour la réalisation de
leurs valeurs.
Si je ne nie trompe, les métaux qu’ils expédient directement
à leurs commettants en Fi ance, prennent, un peu
plus tôt, un peu plus tard le chemin de la Monnaie. Serait
il impossible que TÉlat s’en chargeât au lieu même
d’expédition; au lieu d’attendre qu’on les lui apporte
pour les transformer en éciis? Nous avons des agents
consulaires dans tous les {lays dont on lire l’or et l’argent;
nous pourrions même, à leur défaut, y avoir des
agents S[)éciaux, qui seraient chargés de recueillir pour
le compte de l’État tout ce que le commerce envoie au-
jourdduii pour son propre comjite, et qui délivreraient
en échange des traites sur le trésor public. Les espèces
et lingots devenus ainsi la propriété du Trésor, seraient
ensuite expédiés en France sans difficulté, par toutes les
occasions qu’offrent les bâtiments de l’État, et ceux-ci
se trouveraient entièrement affranchis de toute participation
à des opérations commerciales.
Je donne cette idée pour ce qu’elle vaut, sans me
faire juge de son mérite et sans autre motif de confiance
que ce vers devenu proverbial ;
U n so t q u e lq u e fo is o u v r e u n a v is im p o r ta n t.
Inconvénients de recourir à l ’intermédiaire des bâtiments anglais.
Mais est-il absolument nécessaire de chercher à faciliter
à nos négociants les moyens, soit d’expédier régulièrement
pour France les métaux précieux fruit de leur
commerce, soit d’en réaliser la valeur.'’ Ne suffit-il pas
pour eux de la ressource qu’après tout les bâtiments de
guerre anglais peuvent leur offrir aussi bien qu’aux négociants
de cette nation ?
Quelques-uns usent de cette voie ; mais il est aisé de
se rendre compte de tout ce qu’elle a d’onéreux. Elle
impose en effet l’obligation de recourir à l’intermédiaire
des négociants ou banquiers d’Angleterre et dès lors il
faut ajouter aux dépenses de fret et d’assurances des
frais nouveaux, des commissions et des différences de
change, qui réduisent d’autant les bénéfices ou augmentent
les pertes de l’opération.
D’un autre côté l’Angleterre profite ainsi exclusivement
des espèces et des riches métaux envoyés d’Amérique
et il n’arrive en France que du papier.
Enfin c’est pour le commerce anglais une occasion de
plus de lier pour son propre compte de nouvelles affaires
dont les produits français forment la base et
c’est encore autant d’enlevé à notre navigation marchande.
Ainsi, la solution de l’importante question dont il s’agit
ici est digne de tons points de la sollicitude du gouvernement,
et qui sait si cette question ne doit pas grandir
encore, dans des proportions incalculées, par suite des
nouvelles exploitations aurifères dont la Californie est
devenue le théâtre et de la nombreuse population qu’elles
y attirent.
Bonite. — Relation du voyage. Tome TT. 9