les rives du Guayaquil, comme dans tous les pays
marécageux où la grande chaleur développe avec abondance
les miasmes délétères, ce sont des fièvres épidémiques
très-meurtrières. L’éqiiijiage de la Favorite en
fit la triste expérience ; il n’en faïuh'ait pas d’ailleurs un
autre témoignage que la déjiopulation graduelle de la
ville de Guayaquil.
L’ameublement des cases que je viens de décrire ressemble
beaucoup à celui des cases de Payta; on y voit
surtout l’indispensable hamac, mais ou n’y retrouve pas
le foyer au milieu de la chambre et pour cause. A Puua
la cuisine doit se faire en plein air.
Population de l*una.
Dans un village ainsi bâti, ou n’est pas tenté de chercher
les habitudes du luxe et de la richesse ; on n’y trouve
pas même les habitudes du travail. La population est
indolente et paresseuse ; elle laisse sans culture une terre
dont tout accuse la fécondité, et, sans les quelques ressources
que lui procurent la pêche et le pilotage de la
rivière, on ne sait de quoi elle pourrait vivre. 11 ne faut
pas au surplus être trop sévère à son égard. Puua est
bien près de l’équateur. Nos voyageurs la visitèrent dans
la saison la plus saine, la moins chaude de l’année et
ils étouffaient ; ils succombaient sous le poids de son
atmosphère accablante. Que doit-ce être à l’époque des
grandes chaleurs ? comment un peuple constamment soumis
à leur influence énervante pourrait-il conserver quelque
énergie?
Toute l’autorité à Puna réside dans la personne de
l’alcade, bon pêcheur à qui ses fonctions administratives
ne donnent ni beaucoup de peine ni beaucoup de soucis.
Faibles ressources que les uavires trouvent à Puna.
Ce fut à lui qu’on s’adressa tout naturellement pour
avoir l’autorisation de faire de l’eau et pour se procurer
aussi les vivres frais que le pays était en état de fournir
à la corvette. Un puits situé à peu de distance du rivage
pouvait donner l’eau, pourvu qu’on se contentât de sept
tierçons à la fois, car il n’en' contient pas davantage ;
mais comme il se remplit de nouveau en très-peu de
temps, le mal n’était pas grand. On s’en contenta, et,
moyennant six piastres demandées par l’alcade, on put
y puiser tant qu’on voulut ; ce fut long, mais enfin on
réussit à en recueillir quinze tonneaux. Les pièces roulées
jusqu’au bord du puits étaient remplies au moyen
d’une pompe à incendie du bord installée dans le puits
lui-même. On faisait cette opération quatre fois dans la
journée, ce qui procurait en tout vingt-huit tierçons par
jour.
Quant à la viande fraîche, ce fut bien autre chose ; il
n’y a pas de boucher à Puna. Qu’y ferait-il? disait l’alcade.
Heureusement il y avait des boeufs, et comme la
Bonite devait en prendre un entier tous les trois jours,