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et toute ratlenlioii des voyageurs se porta sur celte
nouvelle apparition. C’étaient les pirogues légères qui
venaient rendre visite aux arrivants. Leurs formes sveltes
et allongées, le balancier qui seul les lient en équilibre
sur les flots, l’adresse des babiles nageurs qui les conduisaient
, forent remarquées avec d’autant plus de plaisir,
que tout cela se rapportait parfaitement à ce que
chacun avait lu. C’étaient bien ces embarcations décrites
dans les relations de voyage ; rien de changé jusque-là
dans les habitudes du pays. Quand elles accostèrent le
bâtiment ; quand montèrent à bord les insulaires, nus
comme au temps de Cook, sans autre ajustement que
le maro traditionnel, il ne resta plus aucun doute ; les
Sandwicliiens étaient bien les mêmes ; la civilisation n’avait
pas altéré leur type originaire.
Cependant, on remarqua qu’il n’y avait pas une
femme sur les pirogues. Ces nymphes de la mer, qui se
jouaient comme une troupe de Néréides autour des vaisseaux
des premiers navigateurs, étaient restées à terre
cette fois. Pourquoi cette réserve si contraire à leurs
anciennes habitudes? Les hommes eux-mémes, malgré
leur tenue de sauvages, ne venaient pins en manière de
salut, écraser leur nez sur le nez de nos voyageurs. Ils
prodiguaient à la ronde les poignées de main , selon la
mode anglaise et affectaient des airs de gentleman. Ce
fut bien pis quand il fut question d’échanges. Ils avaient
apporté du taro , des bananes , des patates et autres rafraîchissements
avidement recliercbés par les marins
après de longues journées passées à la mer. On leur offrit
en récompense des colliers, des bracelets, des boucles
d’oreilles, chefs-d’oeuvre de bijouterie à l’usage des
sauvages; mais ces objets qui les charmaient tant autrefois,
avaient perdu toute valeur à leurs yeux. Ils les regardèrent
d’un oeil dédaigneux et demandèrent des vêtements
et du fer. Il n’y avait plus moyen de se faire
illusion ; le Sandwichien s’était civilisé.
Kearakekotia.
La baie de Kearakekoua, ouverte à l’O., est exposée
à tous les vents de cette partie depuis le N. O. jusqu’au
S. S. E. Trois villages sont assis sur ses rives ; vers la
pointe qui la termine au S., le village nommé Haunau-
nau ; dans la partie centrale de la baie, sur une plage de
sable, le village de Kearakekoua; sur la pointe N.,
Kaavaroa où Cook fut tué.
C’était à ces trois villages qu’appartenaient les insulaires
dont la Bonite reçut la visite à son arrivée. Lne
multitude de pirogues l’entourèrent, dès qu’elle fut
mouillée, et ne l’abandonnèrent qu’à l’entrée de la
nuit.
Le pilote, en quittant la corvette après son mouillage,
sechargea d’annoncer la venue de la Bonite à Kouakéni
(ou John Adams) gouverneur d’Hawaii, qui se trouvait
en ce moment à sa résidence ordinaire de Taïlua située
à cinq lieues environ dans le N. de Kearakekoua.