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à la taille par une ceiiUure d’élofie du pays, les couvrait
entièrement, sans gêner leur allure, et l’on voyait briller
dans leurs cbeveux noirs les Heurs jaunes du vakoua.
Plusieurs portaient aussi des colliers de fleurs ou de
plumes aux couleurs éclatantes.
(( Taméaméa III avait, eu hou prince, admis ses plus
bumbles sujets au spectacle (ju’il se projiosait de nous
donner.
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Le speelacle.
« Devant la case principale qui sert de demeure à Sa
Majesté s’élèvent quatre grands arbres, dont les branches
entrelacées forment un dôme de verdure. On avait
étendu sous leur abri de fines nattes, sur lesquelles le
roi se plaça et nous fil asseoir, ainsi que les grands
de sa cour.
« A un signal donné cin(| naturels fendent la foule et
viennent se placer au milieu du cercle des spectateurs.
Ils sont nus jusqu’à la ceinture. Leurs têtes et leurs cous
sont ornés de feuilles de bruyère. Chacun d’eux est armé
d’une énorme calebasse.
« Après s’être assis en ligne, les jambes pliées, ils débutent
[>ar un chant d’ahord lent et monotone, qu’ils
accompagnent en frapjiant de la main sur leurs calebasses
et bientôt de celles-ci contre terre. Peu à peu ils
s’animent; leurs gestes deviennent plus jiassionnés; les
évolutions qu’ils exécutent avec leurs calebasses sont
[)lus vives ; leur chant a plus d’éclat. Lu ensemble jiar-
fail règne dans tous leurs mouvements.
« Le son (iroduit par le choc des calebasses contre
lerre est grave et bas, tandis que les mains des acteurs
en frappant les calebasses rendent les notes plus aiguës.
C’est une musique étrange, sauvage, en harmonie avec
le chant des acteurs.
« Ils célèbrent les louanges du roi, sa bonté, sa justice,
son adresse à la chasse, sa valeur dans les combats,
et, par une transition naturelle, ils chantent la guerre el
les batailles. Alors ce sont des mouvements frénétiques,
des cris, des évolutions furibondes de calebasses. La calebasse
est le casse-tête dont ils assomment l’ennemi, la
lance dont ils le percent, la hache de pierre dont ils lui
fendent le crâne. Battue sans relâche par deux mains
acharnées, elle bondit furieuse et heurte le sol avec rage ;
on entend les hurlements sauvages des vainqueurs et les
plaintes des mourants.
« On croirait impossible de conserver de l’ensemble
dans ces mouvements désordonnés, expression de la rage
et de l’exaltation féroce de leurs combats. Pourtant, pas
un geste , jias le moindre accident de cette pantomime
si brusque, si heurtée, qui ne fût répété avec une précision
et une mesure surprenantes par les cinq acteurs à
la fois.
« Cette scène enleva toute l’assemblée, qui applaudit
d’enthousiasme et salua de ses bravos la sortie des acteurs
essoufflés el ruisselants de sueur.