moral; il en vent l'explication. Il ne voit pas seulement,
il étudie.
r.a société réunie entre les murailles de la Bonite
comptait quelques hommes de ce caractère. C’est dire
les pensées qui les préoccupaient au départ de Guayaquil.
Que de c|uestioiis intéressantes el non encore résolues
eussent été dignes de leurs méditations et de leurs
recherches, s il leur avait été jtermis de les ahorder pendant
un plus long séjour sur cette terre découverte par les
Colomh et les Améric, conquise et ravagée par les Cortès
et les Pizarre, exploitée comme une mine immense par
toutes les nations de l’Europe, houleversée maintenant
par les révolutions et cependant encore en partie inconnue,
puisque tout l’intérieur, depuis la Patagonie jusqu’au
Mexique, est occiqié jtar des peuplades qui n’ont
aucune relation avec les étrangers!
Ces questions, que je ne veux jias même effleurer,
resteront prohahlemenl un mystère jusqu’à ce que les
progrès de la civilisation aient fait fleurir la science sur
le sol américain. Alors, sans doute, ce pays aura aussi ses
})hilosophes, ses antiquaires, ses historiens, qui, explorant
à loisir ses traditions et ses ruines, nous diront peut-être
l’origine inconnue de la race d’hommes qui le peuplaient
dès les temps les plus reculés, leurs relations avec les
races de l’ancien monde, et rattacheront à la grande
chaîne de l’histoire humaine cet anneau si longtemps
perdu que Christophe Colomb rencontra par hasard en
cherchant im nouveau chemin pour aller dans l’Inde.
Réservons-leur cette gloire et suivons ia Bonite voguant
à la recherche de nouveaux climats.
Route de la Bonite.
Pour aller de Guayaquil aux îles Sandwich, on peul
indifféremment passer dans le S. ou dans le N. des îles
Galapagos. Il est toujours convenable de prendre la première
route quand on veut visiter ces îles en passant,
parce que les vents et les courants jiorteot au N. et qu’il
importe alors de les avoir pour auxiliaires.
Ce fut ce chemin que voulut suivre M. Vaillant, car il
désirait voir, en passant, une colonie nouvellement fondée
sur deux îles de cet archipel encore très-peu fréquenté.
Son projet se trouva contrarié comme nous le
verrons plus loin par l’action des courants et des vents
contraires qui le rejetèrent malgré lui beaucoup trop
dans le N ., mais, bien qu’il n’ait pu l’accomplir, je ne
crois pas sans intérêt de donner ici, sur ces îles, quelques
détails recueillis par le commaudaiU de la bouche
même du fondateur de la colonie.
M. Willimi.
Ce fondateur n’est autre que M. ’Willimi que M. Vaillant
rencontra à Guayaquil.
Né à la Louisiane, M. Willimi était entré comme colonel
au service de la république de l’Equateur. Il fut du nom