jouissances de la relâche, le plaisir que donne toujours
le spectacle d’une belle et riante nature, ils furent cruellement
déçus.
Rien n’est plus triste et pins misérable que l’aspect de
la ville, ou plutôt de la bourgade de Cobija. Rien n’est
plus affreux que le site au fond duquel elle se cache (l).
De pauvres cabanes, construites en planches ou bâties
eu briques sécbées au soleil, gisent là piteusement sur
un sol aride et pierreux. Les montagnes qui environnent
ce sauvage réduit, nues et désolées, offrent de toutes
parts des traces du minerai de enivre qui abonde dans
le pays; mais on n’y voit d’autre végétation que quelques
cactus et trois palmiers rabougris, dont les habitants
se glorifient comme d’une huitième merveille du
monde.
Cobija est le seul port de la Bolivie que fréquentent
les navires européens, quoique le littoral de cette répu-
bli([ue offre, sur plusieurs points de ses quatre-vingts lieues
de côte, des mouillages beaucoup plus sûrs. La raison eu
est que les communications avec l’intérieui’ du pays sont
absolument impraticables de tout autre point que Cobija.
Le premier établissement eu ce lieu date de 1827.
Huit années avaient suffi pour porter à douze cents personnes
la population exclusivement composée de mineurs
et de jretits maicliands. Cependant au moment où
(1) Voir dans \ Jlbmn historii/ur la planclie n” 23, représenlant ime
vue de Cobija.
la Bonite parut à Cobija il y restait à peine deux ou trois
cents habitants ; c’est que la guerre avait passé par là.
Dévastation récente de Cobija par les partisans de Sallabéry.
Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis que Sallabéry,
vaincu par les forces combinées du président Orbégoso
et de Santa-Cruz, avait payé de sa vie sa révolte contre
le premier et l’ambition qui l’avait porté à s’emparer du
pouvoir suprême dans le Pérou. Mais les habitants de
Cobija n’étaient point revenus encore de la terreur que
son nom seul inspirait naguère.
Pressé par un ennemi supérieur et près de succomber,
Sallabéry avait, en effet, épuisé tous les moyens, sinon
de le vaincre, au moins de lui nuire. H possédait sur
mer une supériorité incontestable; il en profita poui’
exercer sa vengeance contre Santa-Cruz.
Cobija, port unique de la Bolivie, était, par cela même,
désigné à ses coups. Sallabéry dirigea sur ce port une
expédition forte de trois cents hommes, sous le commandement
du colonel Quiroga, avec mission formelle de
tout détruire de fond en comble.
Cette troupe débarqua dans la baie de Mexillones. Il
ne lui fut pas difficile de surprendre la ville et d’avoir raison
de ses défenseurs. Sur soixante hommes environ qui
composaient la garnison, vingt perdirent la vie; de ce
nombre était le colonel commandant la place.
Quiroga n’e.xécuta c(u’eu partie l’ordre de son géiié